Star mondiale du podcast faisant les beaux jours de la plateforme de streaming, l’ancien humoriste est depuis un mois au centre d’une polémique concernant les messages conspirationnistes relayés par son émission.
Si la diffusion d’une parole féministe, intersectionnelle et inclusive est en France liée à la popularisation du podcast, l’affaire Joe Rogan nous a récemment démontré que le médium n’échappait ni au masculinisme, ni au racisme, ni au conspirationnisme.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ancien humoriste devenu acteur puis commentateur de combats d’arts martiaux, Joe Rogan crée son podcast en 2009. Il devient rapidement l’un des programmes les plus écoutés au monde, avec pas moins de 10 millions d’auditeurs et auditrices par épisode.
Agitateur autoproclamé et provocateur patenté
En 2020, il signe avec Spotify un contrat d’exclusivité record de 100 millions de dollars. D’une durée élastique (entre 1 h 30 et 3 h 30), son émission ressemble plus à une conversation qu’à un entretien. En grande majorité des hommes blancs quinquagénaires, les invité·es ont toutefois des profils assez variés : des artistes, des militaires mais aussi des sportif·ives, des coachs en développement personnel et des scientifiques et expert·es de toutes sortes.
Agitateur autoproclamé et provocateur patenté, Joe Rogan est une anguille. En faveur du mariage entre personnes de même sexe mais signalé pour des propos transphobes par des associations LGBTQI+, un temps supporter de Bernie Sanders mais préférant voter Donald Trump plutôt que Joe Biden, aussi opposé à la cancel culture qu’à la religion pro-armes et pro-drogues, ce grand amateur de chasse et de théories du complot se définit volontiers comme un libertarien – bref, un puissant partisan du “on peut plus rien dire”.
Départ fracassant de Neil Young et Joni Mitchell
À la fin janvier, Neil Young a quitté Spotify en signe de protestation contre la présence de l’animateur sur la plateforme, qu’il accuse de désinformation sur la vaccination. En cause, deux épisodes récents où Joe Rogan a offert une longue tribune à deux scientifiques, Peter A. McCullough et Robert Malone, connus pour leurs positions antivax.
Rejoint par sa compatriote Joni Mitchell, le musicien canadien n’a pas obtenu gain de cause mais a déclenché une vague de défiance envers le géant du streaming suédois, qui n’a jamais cessé de soutenir son puissant pourvoyeur d’audience.
Le débat polarise la société américaine. Alors que Sharon Stone traite publiquement l’animateur de “trou du cul qui affecte la vie et la mort des gens”, Dwayne Johnson (cinquième personne la plus suivie d’Instagram) lui apporte son soutien, avant de le lui retirer lorsqu’ont refait surface des dizaines d’émissions au cours desquelles Rogan utilise le mot “nègre”.
Mea culpa tortueux
C’est sur ce point que la plateforme a véritablement opéré une modération, retirant 70 épisodes où le “N word” était prononcé. Concernant la désinformation liée à la vaccination, Spotify a simplement ajouté un avertissement et partagé une courte vidéo où Rogan fait un mea culpa à l’image de son positionnement idéologique : tortueux.
Le débat fait évidemment écho à celui sur le rôle de Facebook dans la propagation des fake news en tout genre. Tant que viralité et rentabilité seront liées et posées comme les valeurs cardinales des GAFA, nos démocraties auront du souci à se faire.
À l’endroit du podcast, l’affaire Joe Rogan nous rappelle que, bien que le secteur soit en France traversé par un idéal progressiste, c’est un message à rebours de ce courant que propage l’émission star du plus grand diffuseur mondial.
The Joe Rogan Experience sur Spotify.
{"type":"Banniere-Basse"}