Dans “La Fille de Deauville”, la journaliste Vanessa Schneider reconstitue le parcours de cette figure de la lutte armée et les années 1970-1980 en France sur fond de terrorisme.
“[Action directe] n’a pas surgi de nulle part. Nous appartenons à une longue histoire et nous fûmes nombreux à penser, à compter sur un élan qui finalement ne vint pas.” Ainsi s’est exprimée Joëlle Aubron en 2004, quelques mois avant sa mort, dans une interview à Libération.
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Avec Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, elle avait, en 1989, été condamnée à perpétuité pour le meurtre de Georges Besse, PDG de Renault. Vanessa Schneider, grande reporter au Monde, a choisi de faire, à travers son histoire, le récit d’une révolution qui n’a pas eu lieu, et propose une analyse critique des années 1970 et 1980 en France.
Elle suit l’évolution des méthodes d’Action directe, la logique qui pousse ces militant·es d’extrême gauche à la violence
Face à Joëlle Aubron, l’autrice a placé Luigi Pareno, un flic qui doit surveiller les agissements du groupe et finit par en être obsédé. Un procédé romanesque qui permet à Schneider d’observer les faits autant de l’intérieur que de l’extérieur. Elle suit l’évolution des méthodes d’Action directe, la logique qui pousse ces militant·es d’extrême gauche à la violence. Elle analyse comment la police, et à travers elle l’État, appréhende leur présence.
Si son livre est centré sur deux personnages, Schneider nous raconte une histoire collective. Elle place les revendications d’Action directe dans une chronologie, un contexte politique. Et ne traite pas la lutte armée comme un fait extraordinaire mais comme un épisode faisant partie intégrante de l’histoire française et européenne.
La Fille de Deauville de Vanessa Schneider (Grasset), 256 p., 19 €. En librairie le 9 mars.
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