Avec la complicité de Lewis Trondheim, Mathieu Sapin dynamite le buddy-movie dans l’hilarant MKM. Et démontre son talent comique dans une rafale de sorties.
Mathieu Sapin et Frantico (pseudonyme sous lequel se cache Lewis Trondheim) sont invités à un festival de BD au Portugal. A la demande des organisateurs, ils tiennent un blog à quatre mains, racontant un quotidien pas toujours palpitant mais émaillé de bons mots.
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Et peu à peu, la tranquille équipée de deux auteurs de BD en vadrouille tourne à l’aventure absurde et débridée. Si Frantico et Sapin entretiennent au départ la confusion sur la véracité de leur récit (qui a vraiment commencé par être publié en ligne), le doute ne dure que jusqu’à la rencontre des deux protagonistes avec une étrange société secrète, le MKM.
Les membres de ce MKM (mega-krav-maga) pratiquent une technique défensive qui consiste à deviner à l’avance les coups de l’adversaire – extension imaginaire du krav maga, véritable art martial d’autodéfense. Pris dans une lutte sans merci que se livrent les différentes factions du MKM, Frantico et Sapin sont embarqués dans des aventures abracadabrantes qui les mèneront jusqu’à Ushuaïa.
Imaginant à tour de rôle les développements de l’histoire, les deux auteurs parviennent à donner une véritable cohérence à leur inspiration, et un rythme palpitant et fluide à leur récit. Truffé de rebondissements improbables, MKM est bien plus qu’un exercice de cadavre exquis. C’est un buddy-movie dans la forme et dans le fond, une aventure de Laurel et Hardy dessinée par Dupont et Dupond, ou le contraire. Le duo ne recule devant aucune vanne facile et ponctue ce récit loufoque d’insultes bon marché, de blagues de cour de récré et de non-sens absolu (la technique d’anticipation du MKM est une source inépuisable de situations ridicules).
Mais pouvait-on s’attendre à autre chose qu’à une farce délirante de la part du prolifique Mathieu Sapin ? Avec Frantico/Trondheim, Sapin a trouvé le partenaire comique idéal, aussi constamment ronchon qu’il est lui-même toujours prêt à la rigolade. De Supermurgeman à Sardine de l’espace, il ne cesse de mêler et manier avec talent différents types d’humour.
Dans MKM, Mathieu Sapin met en scène son double de fiction et joue sur le registre de l’autodérision et de l’absurde. Dans l’excellent Feuille de chou, relatant le tournage du film de Joann Sfar Gainsbourg (vie héroïque), aucun des incidents de plateau n’échappait à son œil malicieux et caustique. Il y relevait le détail qui fait mouche, les dialogues surréalistes, y ajoutant ses réflexions candides ou narquoises.
Poursuivant dans le registre de l’aventure farfelue, il vient de s’engager dans une autre collaboration, avec Christian Rossi cette fois. Il signe le scénario de Paulette Comète, justicière à mi-temps. Cette superhéroïne malgré elle, légèrement idiote et nymphomane, se retrouve accidentellement lancée à la poursuite de gangsters pas plus futés qu’elle, tout en étant elle-même traquée par un curieux personnage, clone pervers de Sapin. Cette extravagante parodie d’histoire de superhéros et de polar de série B montre un Sapin manipulant un comique très peu politiquement correct, qui joue sur le registre libéré des années 70.
MKM, tomes 1 et 2 (Delcourt), 190 pages et 8,95 € chaque volume www.megakravmaga.com
Paulette Comète, justicière à mi-temps, tome 1 (Dargaud/Poisson Pilote), 48 pages, 10,95 €
Sur le net : www.megakravmaga.com
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