Enfin du temps pour s’adonner au jeu vidéo sans compter les heures. Mais on joue à quoi, d’ailleurs ? Entre retour dans les années 1990, épopée galactique, virées japonaises, urbanisme écolo et réalité virtuelle, voilà nos onze suggestions d’été pour consoles portables ou de salon et PC.
Bienvenue en 1996 (1)
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Crash Bandicoot N. Sane Trilogy
Sur PS4 (Naughty Dog / Vicarious Visions / Activision), environ 40 €
Le succès commercial du moment est un revenant. Trois revenants, même, car Crash Bandicoot N. Sane Trilogy rassemble les trois premières aventures du plus remuant des bandicoots (qui ne ressemble pas à un vrai), celles conçues par les Américains de Naughty Dog, futurs responsables d’Uncharted qui assumait justement la filiation dans son épisode 4. Témoignage d’une époque – le milieu des années 1990 – où les jeux de plateforme se réinventaient en 3D, Crash Bandicoot peut aujourd’hui paraître daté avec son utilisation presque timide de la profondeur, loin de celle de son contemporain Mario 64. Mais, son impeccable remasterisation agissant comme un révélateur, le jeu et ses deux suites frappent aujourd’hui par leur netteté, leur précision ludique autant que graphique. La vraie surprise est là : Crash Bandicoot n’est pas qu’une étape importante de l’histoire de son genre. C’est aussi un jeu de plateforme subtil et indémodable.
Bienvenue en 1996 (2)
WipEout Omega Collection
Sur PS4 (Sony), environ 35 €
Une autre série emblématique des années PlayStation (1995-2000, disons) fait son retour en grande pompe pour l’été : WipEout, LE titre qui a rendu le jeu vidéo cool avec son esthétique pensée par l’agence The Designers Republic, sa bande son qui faisait se croiser les Chemical Brothers, Prodigy et Orbital et ses incursions dans les clubs. Les temps ont changé mais le jeu de course futuriste (mâtiné de shoot’em up, un peu) n’a pas dévié de sa ligne et WipEout Omega Collection, qui réunit (mais en plus beau) des volets de la série paru à l’origine sur PS3 et Vita, enchante au moins autant qu’il y a vingt ans. Comme chez le concurrent F-Zero, le but ultime est de ne faire qu’un avec son bolide (voire avec la piste, ou avec l’air), mais il y a déjà un plaisir à simplement être sur (ou plutôt au-dessus de) la piste, dans le tempo. A, disons, faire partie du truc. WipEout est une fête et cette Omega Collection a tout pour devenir la plus mémorable de toutes.
Shmup forever
Nex Machina
Sur PS4 et PC (Housemarque), environ 20 €
Maîtres du shoot’em up moderne avec des titres comme Resogun ou Super Stardust, les Finlandais de Housemarque se sont alliés à l’un des pionniers du genre : Eugene Jarvis, le père de Defender, Robotron : 2084 et Smash TV. Le fruit de cette collaboration s’appelle Nex Machina et c’est une splendeur, un feu d’artifice étourdissant doublé d’un très rigoureux exercice de précision. Dans cette fête foraine de l’espace où l’on repousse des vagues d’ennemis furieux avant d’être téléporté dans l’arène suivante ne règne qu’un seul culte : celui du mouvement. On y adhère fiévreusement.
Vers l’infini et au-delà
Endless Space 2
Sur PC et Mac (Amplitude / Sega), environ 40 €
Les experts parlent de jeux « 4X » : exploration, expansion, exploitation et extermination. Endless Space 2, la dernière production en date du studio parisien Amplitude créé en 2010 par des anciens d’Ubisoft et racheté l’an dernier par Sega, fait partie de cette branche que l’on peut voir comme l’aristocratie du jeu de stratégie. Au début, on ne saisit pas tout, mais il y a déjà quelque chose d’enivrant à simplement aborder cet océan de possibilités qui ne demande qu’à nous engloutir. C’est un univers de règles cohérentes, un système d’éléments interdépendants (la politique, les technologies, les relations entre civilisations…) où les plaisirs sont multiples. D’une richesse ahurissante, Endless Space 2 est aussi un jeu qui possède un style fou – dans le genre, ce n’est pas si courant.
Japon futur
Tokyo 42
Sur PC et Xbox One (SMAC Games / Mode 7), environ 20 €. À paraître sur PS4.
Avec sa vue isométrique, son sens du détail et sa fabuleuse bande son, Tokyo 42 pourrait bien être le jeu le plus classe du moment. Ce successeur spirituel du légendaire Syndicate, que l’on peut aussi voir comme un héritier commun des premiers GTA (pour l’exploration libre et le goût du chaos), d’Hotline Miami (votre rôle : assassiner sur commande) et de Mirror’s Edge (pour la verticalité et le style épuré), vaut d’abord pour l’espace d’expérimentation qu’il offre au joueur en l’invitant à décomposer ses actions pour régner en douce sur ce monde-aquarium du futur. Parmi les premières missions : abattre un roi du mini-golf et « conduire les punks au jardin naturiste ». Voilà qui est intéressant.
Japon éternel
God Wars : Future Past
Sur PS4 et Vita (Kadokawa / NIS America), environ 40 €
God Wars n’est sans doute ni le plus beau, ni le plus riche et pas non plus le plus drôle des jeux de rôle tactiques mais, si les initiés seraient en droit de lui préférer Fire Emblem ou Disgaea, c’est un subtil et élégant concentré de japonité. Ce monde où la vie ressemble à un éternel recommencement (avec les combats, tendus, complexes) et les personnages à des assemblages de fonctions, d’énergie et d’émotions est une légende qui prend vie, une estampe qui s’anime devant nos yeux ébahis. On ne laissera pas tomber comme ça la princesse Kaguya.
Trekkisme virtuel
Star Trek : Bridge Crew
Sur PS4 et PC (Red Storm / Ubisoft), environ 50 €
Au chapitre des tentatives de marier le jeu vidéo et la réalité virtuelle, l’option de Star Trek : Bridge Crew mérite toute notre attention. Puisque les déplacements un casque de VR sur la tête sont souvent délicats – que celui qui n’a jamais titubé ou senti s’annoncer un début de nausée ait conscience de son privilège –, pourquoi ne pas attribuer au joueur une place fixe d’où il pourra voir l’univers entier ? Et, en la matière, quoi de mieux qu’un poste de pilotage ou de commandement d’un vaisseau de Star Trek ? Naviguer (d’un déplacement de la tête suivi d’un geste de la main avec la détection de mouvement) dans les menus d’un jeu avait rarement été aussi réjouissant et si nos interventions sont indirectes – ceci n’est pas du tout un jeu d’action –, la fascination devant l’effet de nos instructions n’en est que plus grande. Et à plusieurs via Internet, en se répartissant les tâches, c’est encore mieux. Le jeu de société du futur est arrivé.
Joie de vivre
LocoRoco Remastered
Sur PS4 (Sony), environ 15 €
Encore un portage / remake / come-back remasterisé ? Oui, mais c’est celui d’un jeu qui nous manquait. Dans un monde (une industrie) qui compte tant de Call of Duty, pourquoi y a-t-il si peu de LocoRoco ? Dix ans (et même un peu plus) après, la magie du jeu de Tsutomu Kouno opère toujours. Faire traverser les niveaux aux ambiances variées à ces petites créatures rondes et colorées, c’est multiplier les expériences. Le monde est moelleux ou gluant, et puis glacé, glissant, piquant, enveloppant… Avec ses cachettes et ses métamorphoses, son sens du merveilleux et, aussi, sa discrète cruauté, LocoRoco a à voir avec l’enfance, mais pas seulement. Son vrai sujet : ce qui se passe à l’intérieur de nous.
Ecolo
Block’hood
Sur PC (Plethora Project / Devolver Digital), environ 15 €
Vous connaissez Sim City ? Oubliez le. S’il appartient grosso modo au même genre, Block’hood est moins un city-builder qu’un simulateur de voisinage d’inspiration écolo, dans lequel on célèbre les « synergies positives » entre deux rencontres avec des sangliers parlants avant de déverrouiller un nouvel « agent » : le « hipster ». Dans une des premières missions, le jeu nous piège délibérément. « Mets des néons publicitaires n’importe où », nous ordonne-t-il – l’idée est qu’en vrai, il ne faut pas. On sait que les jeux de gestions ou de simulation ne sont jamais des systèmes politiquement neutres et objectifs, qu’ils témoignent toujours d’une vision du monde, d’un point de vue. Celui, altruiste mais non dénué d’ironie, de Block’hood est franchement le bienvenu.
Féerie old school
Shantae : Half-Genie Hero
Sur Switch, Wii U, PS4, Vita, Xbox One et PC (WayForward Technologies), de 15 à 20 €
Son arrivée estivale sur la Switch fournit un bon prétexte pour évoquer Half-Genie Hero, le dernier épisode en date des aventures de la fière Shantae qui était un peu passé inaperçu lors de sa sortie sur les autres plateformes en fin d’année dernière. Moins propice à la déambulation, avec sa structure en niveaux, que les précédents titres de la série fétiche du studio WayForward, Half-Genie Hero est une réjouissante féerie cartoon sous influence 1001 nuits mais avec des pirates dedans. Cela dit, attention : si l’on n’a pas assez bien préparé et équipé notre héroïne, la difficulté de certaines passages sera résolument old school. On enrage de perdre aussi souvent – mais recommencer jusqu’à triompher des obstacles les plus retors, c’est justement ça qui est bon.
Home, sweet home
Ever Oasis
Sur 3DS (Grezzo / Nintendo), environ 35 €
Entre le jeu de rôle (orienté action) et la simulation de vie (avec des éléments de gestion), Ever Oasis ne choisit pas. C’est précisément ce qui fait le charme de cette douce aventure qui porte la marque de la passion récente pour l’Egypte ancienne de son créateur Koichi Ishii, père du mythique Secret of Mana. Ever Oasis n’est pas de ce niveau-là mais il appartient à la famille des jeux réconfortants, celle d’Animal Crossing, porté par une certaine idée de la communauté est du foyer. Ici, on ne part pas pour un grand périple – les raids dans des donjons sont toujours suivis de retours à la maison – mais on accueille les voyageurs chez soi, dans une oasis douillette qui ne cesse de croître et d’embellir. Par ailleurs, Ever Oasis nous présente un animal intéressant : la manchouette, hybride de manchot et de chouette. C’est une belle rencontre.
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