Propice à une grande émulation, l’édition 2022 se révèle riche en pièces remarquables, parmi lesquelles les nouvelles créations de Christian Rizzo et d’Olivia Grandville.
Après une annulation forcée en 2021, pandémie oblige, le festival Ici & Là – organisé par La Place de la danse, Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) de Toulouse – peut se remettre en mouvement en 2022. L’on s’en réjouit d’autant plus que cette édition de la relance se hisse à un haut niveau qualitatif. Proposant une belle variété de formats et de registres, elle offre un panorama extrêmement stimulant de la danse d’aujourd’hui.
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Ample pièce de groupe, présentée en début de festival, la très attendue nouvelle création de Christian Rizzo, miramar, a pu se déployer idéalement sur le vaste plateau de la salle principale du ThéâtredelaCité. S’inscrivant dans un superbe dispositif scénique, tout en lignes lumineuses épurées et en vagues sonores fracturées (magistrale composition de Gerome Nox), les interprètes évoluent la majeure partie du temps dos au public, face à un horizon opaque en fond de scène. Traversée par une puissante énergie méditative, la pièce tend ainsi vers un mystérieux ailleurs et génère un flot chorégraphique ondulant, orchestré au cordeau, dont les ardents remous se répercutent durablement en nous.
Corps masculins
Tout aussi enthousiasmante, mais dans une tonalité très différente, la nouvelle création d’Olivia Grandville, Débandade, aborde la question – ô combien sensible – des rapports hommes-femmes appréhendés ici uniquement à travers des regards et des corps masculins. Oscillant avec alacrité entre danse, théâtre, performance, défilé de mode et revue de music-hall, le résultat réjouit l’œil et l’oreille autant qu’il nourrit l’esprit (nous y reviendrons plus longuement dans un prochain article).
Parmi les autres pièces vues, Glitch séduit par sa singularité légèrement (dis)tordue, perceptible dès son titre. S’attachant à proposer une traduction chorégraphique du glitch (un type de bug numérique, souvent tressautant), Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre – qui assurent ensemble la conception et l’interprétation de la pièce – parviennent, avec peu de moyens et d’effets, à créer un univers étonnant, teinté de futurisme. Tout du long, de saccades en ralenti, de brusques immobilisations en subites accélérations, se développe un langage physique très ludique (voire lunaire), parfois presque burlesque, jusqu’à la culbute finale.
Deux solos
Se détachent encore deux solos féminins, qui manifestent deux fortes personnalités, chacun à sa façon. Citons tout d’abord Gr oo ve de Soa Ratsifandrihana. Dans un rapport très frontal avec le public, installé en carré autour d’elle, la jeune danseuse/chorégraphe se livre – en clair-obscur – à de captivantes variations rythmiques, son corps trouvant de multiples possibilités expressives, avec ou sans musique.
Terminons avec Nebula de Vania Vaneau, pièce performative saisissante (même le sens de l’odorat est ici fortement sollicité), à la fois brute et sophistiquée, donnant forme à une sorte de cérémonie transcendantale en interaction profonde avec la nature et les éléments. Une expérience vraiment intense.
Le festival Ici & Là se déroule à Toulouse jusqu’au 12 février.
Spectacles en tournée :
miramar, 10 et 11 février au Théâtre de Nîmes, 5 et 6 mars à l’Opéra de Lille, 18 et 19 mars au Théâtre de Lorient, 11 au 14 avril au CENTQUATRE-PARIS, le 3 mai à Dunkerque (Bateau Feu), 9 et 10 juin à Perpignan (L’Archipel), 30 novembre et 1er décembre à Montpellier (Théâtre Jean-Claude Carrière).
Débandade, 10 et 11 février à Lyon (Les Subs), 26 mars à Marseille (Klap), 3 avril au Théâtre Auditorium de Poitiers, 7 au 10 avril à Bobigny (MC93), 17 mai à Angers (Le Quai), 20 mai à Roubaix (La Condition publique).
Gr oo ve, 11 février à Rezé (La Soufflerie), 2 mai à Paris (Fondation Cartier), 5 mai à Lyon (Les Subs).
Nebula, 15 et 16 février à Montpellier (ICI-CCN), 23 mars à Grenoble (Pacifique), 25 mars à Villeurbanne (Festival Chaos Danse), 30 mars à Roubaix (Le Gymnase), 7 et 8 juin à l’Atelier de Paris (Festival June Events).
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