Le maître des destructions Roland Emmerich est de retour avec la sortie de “Moonfall”, une nouvelle promesse d’apocalypse qui précipite la Lune sortie de son orbite tout droit sur notre planète. Depuis Le “Principe de l’Arche de Noé”, jusqu’à “2012” en passant par “Godzilla”, “Independence Day” ou “Le Jour d’après”, le cinéaste germano-américain n’a eu de cesse de réorchestrer la fin du monde, à tel point qu’il est devenu le porte-étendard d’un genre hybride, spectaculaire par essence et qui sent bon le pop-corn : le film catastrophe.
À la croisée des évolutions techniques et des cataclysmes naturels, le film catastrophe, souvent levier de budgets colossaux, a régulièrement mué au cours des décennies, avec pour point d’orgue le récent Don’t Look Up d’Adam McKay, un film du genre sous forme de satire qui a cristallisé avec un succès record et nombre de débats autour du néant politique vis-à-vis de l’urgence climatique.
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Même s’ils sont cousins, nous différencierons le film catastrophe du film de monstre (Cloverfield, Godzilla), du film de zombies (Dernier train pour Busan) ou encore post-apocalyptique (La Route) pour nous concentrer sur les films qui ont pour sujet la mise en scène de catastrophes naturelles et mécaniques : tsunami, naufrage, comètes, éruptions volcaniques, tremblements de terre, crash…
Nous vous livrons donc notre propre histoire du désastre avec cette liste des plus grands films catastrophe par ordre chronologique. Un top 10 placé sous le signe de la vache volante en pleine tempête (Twister), certainement l’image iconique du genre.
San Francisco, W.S Van Dyke (1936)
Quelques années après Tarzan, l’homme singe, W.S. Van Dyke réalise San Francisco, film catastrophe qui marque le temps des prémices du genre. La rencontre entre un propriétaire de saloon (Clark Gable) et une jeune chanteuse lumineuse (Jeanette MacDonald) devient une idylle spectaculaire qui se déploie dans une œuvre hybride, sorte de film musical dans un champ de ruines. Les chants lyriques se mêlent aux cris d’une foule en détresse dans une ville à feu et à sang frappée par un tremblement de terre dévastateur et mémorable.
Typhon sur Nagasaki, Yves Ciampi (1957)
Jean Marais, Danielle Darrieux et un typhon : c’est la promesse farouche de ce film catastrophe qui, s’il reste classique dans sa première moitié, offre une dernière demi-heure somptueuse. Les sirènes des camions de pompiers retentissent dans la ville de Nagasaki sous une pluie diluvienne qui n’en finit pas d’engloutir la ville et les plans. On y ressent les traumatismes encore récents du feu atomique de la Seconde Guerre mondiale alors que Jean Marais traverse longuement et dangereusement la lumière bleue d’une nuit chaotique.
Airport, George Seaton (1970)
Airport marque la véritable éclosion du genre avec l’entrée dans un âge d’or spécifiquement orienté vers les catastrophes aériennes. Adapté du roman éponyme d’Arthur Hailey et avec un casting légendaire (Burt Lancaster, Dean Martin, Jean Seberg, Jacqueline Bisset), le film bat au rythme d’une tempête de neige qui paralyse un aéroport tout entier, devenu un théâtre étrange qui distribue ses multiples intrigues.
La Tour infernale, John Guillermin (1974)
Retour à San Francisco avec un incendie culte qui se propage dans le plus grand gratte-ciel du monde. Pilier incontestable du genre, La Tour infernale est une démesure totale : financé par deux sociétés de production concurrentes (la 20th Century Fox et Warner Bros.), le budget dantesque réunit une foule de stars (Steve McQueen, Paul Newman, William Holden, Faye Dunaway, Fred Astaire, John Williams à la musique) dans un film qui avoisine les trois heures. Devenu un modèle du film catastrophe, il porte toujours en lui une grande modernité dans la manière de composer les scènes de tension et de suspense.
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, Jim Abrahams, David et Jerry Zucker (1980)
Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ou comment le film catastrophe s’accouple avec la comédie. En racontant l’histoire de l’équipage d’un avion victime d’une intoxication alimentaire généralisée, le film ne semble jamais s’épuiser du rythme effréné de ses gags, obtenant une certaine ivresse dans cette forme d’humour en flux continu, nourri précisément des codes du genre. Au beau milieu d’une époque féconde pour le film catastrophe, les ZAZ débutent ainsi leur règne sur la parodie potache.
Titanic, James Cameron (1997)
Découpé en deux tel le paquebot déchiré, Titanic, dans sa deuxième partie, est une plongée d’une terreur précise et redoutable au fond des océans. S’il a permis la résurrection d’un âge d’or hollywoodien, James Cameron, cinéaste de l’eau, a réalisé ce qui constitue encore aujourd’hui le film catastrophe romanesque absolu. Une génération entière ne s’est toujours pas remise de ce traumatisme abyssal.
Phénomènes, M. Night Shyamalan (2008)
En quelques minutes, des centaines, des milliers de gens, dans des circonstances absolument terrifiantes, se donnent la mort. Un professeur de sciences (Mark Wahlberg) décide de prendre les choses en main pour percer le mystère de ces angoisses apocalyptiques. Phénomènes est un grand film de foule, prise en mouvement et soudain mise à l’arrêt, comme lovée dans un désir de mort surgissant que M. Night Shyamalan étudie moins qu’il ne se livre à des considérations plastiques saisissantes de beauté. Le film catastrophe gagne ici en puissance horrifique : dans le bruissement d’une feuille se loge l’effroi grandissant d’une planète entière.
Les Derniers Jours du monde, Jean-Marie et Arnaud Larrieu (2009)
Ici, la fin de tout a lieu dans le plus simple appareil et sur du Léo Ferré. Alors que la fin du monde approche, Robin (Mathieu Amalric) entre en quête de son fantasme, dans une errance charnelle d’une douceur surprenante parce qu’à contre-courant du désastre imminent. Les Derniers Jours du monde sont une odyssée du crépuscule de la civilisation teintée d’un érotisme étrange, un trip physique du désir qui progresse au gré des cunnilingus et des baisers mortels.
Melancholia, Lars von Trier (2011)
Comme si la possibilité d’une apocalypse avait calmé un temps le goût de la provocation du cinéaste danois, Lars von Trier livre ici une fin du monde relativement apaisée. Le film opère un long et cotonneux compteur à rebours vers le désastre à travers deux sœurs (Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg) qui vivent différemment leurs derniers jours. Cette tranquillité désarmante n’en reste pas moins tragique dans cette manière de garder le cap face à la grande disparition annoncée.
Take Shelter, Jeff Nichols (2012)
Si la fin du monde se sait, alors il faut s’en protéger. Une tornade est entrée dans le rêve d’un homme (Michael Shannon), persuadé que sa vision est prémonitoire. Sorti en 2012, année de fin du monde par excellence, Take Shelter livre une version intériorisée du film catastrophe. En effet, cette obsession de l’apocalypse, du personnage et de l’époque, le film en fait un moteur anti-spectaculaire, déplaçant le curseur du genre sur une carte plus intime, vers une mise en scène du fléau par le détail. Vers l’abri de notre âme, en définitive.
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