Après la baffe du premier tour, les leaders umpistes la jouaient « on n’a pas perdu, z’allez voir au second tour. » On a vu, la gifle est confirmée, les joues de l’UMP sont violacées. (…)
Après la baffe du premier tour, les leaders umpistes la jouaient « on n’a pas perdu, z’allez voir au second tour. » On a vu, la gifle est confirmée, les joues de l’UMP sont violacées. Il aura donc fallu une double mandale pour que Xavier Bertrand reconnaisse d’emblée, au soir du 21 mars, la victoire de la gauche. Cette dernière a plein de raisons de se réjouir, sans oublier que ce printemps rose se teinte largement de blanc (l’abstention) et de noir (le FN).
Pour Nicolas Sarkozy et ses troupes aux ordres, peu de motifs de satisfaction, à part le gain de la Réunion et la conservation de l’Alsace. Pour le reste, son parti, sa stratégie, ses grossiers refrains sécuritaires de l’entre-deux-tours, sa politique dans la forme comme dans le fond, sont laminés. Comment va-t-il réagir après une telle déroute, à la fois pour terminer son quinquennat et pour préparer la présidentielle de 2012 ? On a beaucoup parlé de remaniement ministériel, ce qui pouvait signifier voir tomber des têtes comme Lagarde, Hortefeux, Alliot-Marie, voire Fillon. Mais Claude Guéant a annoncé un « réajustement technique » dont il n’y a rien de spectaculaire à attendre.
Sarkozy pourrait-il remiser au placard l’une de ses grandes spécialités, l’ouverture ? Elle défrise beaucoup de brushings dans la majorité, et l’un de ses plus gros symboles, Eric Besson, s’est magistralement planté avec son débat sur l’identité nationale. Le résultat du 21 mars prouve que l’ouverture, ce leurre de consensus républicain, n’abuse plus personne. Ministres venant de la gauche ou pas, les Français ne supportent plus la montée du chômage, la casse des services publics et le délitement des protections sociales. A ce propos, Sarkozy va-t-il maintenir fermement son cap, sachant que les Français viennent de lui signifier un gros « stop ! », ou va-t-il nettement infléchir sa politique quitte à se déjuger ?
Enfin, ce 21 mars a un mauvais air de 21 avril, qui gênerait cette fois plutôt la droite. Nicolas Sarkozy retrouve un gros caillou encombrant dans ses mocassins à talonettes. Le FN parade du haut de ses 17,5% et de ses gros scores en Paca ou dans le Nord, fruits de la marque Le Pen. Mais là où Jean-Marie Le Pen était un trublion qui n’aspirait pas au pouvoir mais seulement à rester le roitelet de sa formation et le stand-up inique unique de l’extrême-droite, sa fille Marine paraît plus policée, animée d’ambitions plus élevées et peut-être plus dangereuses. Dans le contexte de la crise, l’abcès FN ne va pas se résorber rapidement. Marine Le Pen va-t-elle continuer de camper dans la solitude extrême ou prendre un virage façon MSI de Gianfranco Fini pour se rapprocher du pouvoir ? Et vu l’échec de son siphonnage des voix FN, Sarkozy finira-t-il par tenter d’intégrer le FN dans le giron de la droite dite républicaine ?
Après l’hécatombe de la bataille des régionales, le président et ses généraux UMP n’ont pas fini de se gratter la tête.