Sur France Culture, Les Passagers de la nuit nous plonge dans un maelström sonore parfaitement calibré. Un défi quotidien pour Thomas Baumgartner.
A l’heure où les enfants dorment, la voix de Thomas Baumgartner crachote sur France Culture. Il est 23 heures. Les Passagers de la nuit, qu’il produit et présente depuis septembre 2009, démarre.
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Une plage horaire parfaite pour des expériences radiophoniques ludiques qui, dans une cacophonie millimétrée, mêlent sons, voix, musiques et reportages. Au micro de ce jeune producteur de 31 ans, on peut croiser un Jean-Pierre Mocky qui répond aux questions aléatoires débitées par un ordinateur ou surprendre des inconnus plongés dans un journal intime ; on peut aussi entendre des archives traficotées, des fictions minimalistes ou des improvisations.
En tout, 50 minutes d’une radio bricolée à plusieurs voix et mains. Le vendredi, l’émission s’offre une parenthèse. C’est le jour de la Mythologie de poche de la radio. L’occasion pour Thomas Baumgartner, amoureux fou de son métier, de tendre le micro à de vieilles gloires et de sortir de l’ombre des hommes et des femmes qui ont fait – et font toujours – l’histoire de ce média.
“Il y a un vrai plaisir à entendre des gens comme José Artur parler de leur métier et de leurs oeuvres. Il y a aussi de la fascination à discuter avec un Pierre-Arnaud de Chassy-Poulay, le metteur en ondes du feuilleton Signé Furax qui fut aussi l’assistant de Pierre Schaeffer ! On a l’impression d’avoir l’histoire qui cause en face de soi”, s’émerveille-t-il encore au souvenir de cette rencontre.
Tout le langage radiophonique y passe. Les Passagers de la nuit s’amuse à travailler les voix, triturer les sons, bidouiller les archives, jouer avec le montage et écrire une histoire radiogénique. Pas une soirée ne ressemble à une autre. “On essaye d’utiliser la palette radiophonique la plus large possible tout en restant, c’est très important pour moi, clair et compréhensible”, souligne le producteur.
Le “on” dans la bouche de Baumgartner n’est pas une posture : pas de radio sans équipe. Sa garde rapprochée compte deux attachées de production, six chargés de réalisation et près d’une quinzaine de collaborateurs. “Transformer une émission de radio en une aventure collective, c’est le plus beau truc possible ! Quand l’équipe s’entend bien, ça passe et ça s’entend à l’antenne. C’était le cas avec L’Oreille en coin, l’émission des weekends de France Inter à laquelle j’ai consacré un livre. Et c’est toujours le cas avec les gens de La Fabrique de l’histoire.”
Après plusieurs mois d’antenne, Thomas Baumgartner le bosseur commence à relâcher la pression. Quand il parle de son émission, il y a pourtant encore beaucoup de “si”, de “on verra” et de “on ne fait que commencer”. Son émission s’inscrit dans une politique de création qui a déjà une longue histoire sur France Culture : Nuits magnétiques, Surpris par la nuit, Clair de nuit… “Cette généalogie met une pression sur les épaules. Mais ça n’est pas paralysant. Ça m’oblige à me mettre à la hauteur et à y apporter ma propre généalogie.”
Thomas Baumgartner a grandi l’oreille collée au transistor. L’ado bidouilleur de K7 a fait ses gammes à 18 ans dans une radio associative lyonnaise avant de croiser, en 2002, la route d’arteradio. com et de s’y frotter à la création. Il va créer l’OuRaPo et les audioblogs. Toujours en quête d’idées, Thomas Baumgartner souhaite faire de ses Passagers un rendez-vous ludique où voyage rime avec décalage. Un cocktail pas désagréable avant de tomber dans les bras de Morphée
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