Sous-estimés dans les années 80, les géniaux Woodentops reviennent. Critique.
Sortie l’an passé, la plantureuse intégrale des Woodentops s’appelait Before During After. “L’avant, le pendant et l’après” d’une carrière trop mésestimée, alors que cette pop bondissante avait servi en quelques années (86-89) de pont historique entre le Manchester des Smiths, dont les Woodentops assurèrent les premières parties, et Ibiza, cette île de la tentation, où leur chanteur, Rolo McGinty, fut de toutes les premières parties. Normal : même pop, même précieuse, sa musique était dès le début frénétiquement rythmique, dansante en un pogo métronomique. “L’après” de la triple compilation s’arrêtait en 1992, année des illusions et utopies summer of love lessivées par le crachin, les crachats de Seattle.
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25 ans plus tard, un son indemne
Mais il y aura un après-après : plus de vingt-cinq ans sont passés depuis leur dernier album studio, et les Woodentops sont de retour avec douze nouvelles chansons et un son indemne. Étaient-ils cryogénisés, attendant le réchauffement climatique ? Sont-ils fils d’Hibernatus ? En tout cas, l’équation des Londoniens demeure à plusieurs inconnues, notamment cette façon assez unique d’imposer une rythmique en tachycardie à une mélodie autrement nonchalante, à la coule, qui s’arrête et redémarre, embarquant à chaque arrêt de nouvelles strates, des sédiments.
Bien sûr, manquent parfois à ces chansons la candeur crâneuse, l’énergie cavaleuse, l’inconscience des trésors de Giant (1986). Mais elles ont gagné en suavité, en expertise de leurs constructions, en sophistication, ce qu’elles ont forcément abandonné en urgence, en hystérie, en fraîcheur. On reconnaît les mêmes hoquets venus du rockabilly électronique d’Alan Vega, mais tempérés par une mélancolie, une harmonie qui font de ces Third Floor Rooftop High ou What Was Taken I Don’t Want Back de bonnes raisons d’écouter les Woodentops en 2014 sans le moindre coup de main de la nostalgie.
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