Le film de Ye Ye montre une réalité hospitalière à l’autre bout du monde, qui ressemble beaucoup à celle que nous connaissons.
Si la première impression qui nous étreint en découvrant H6 est une certaine familiarité avec ce que l’on voit, c’est plus parce que la vision d’un hôpital public comme d’un lieu surchargé, qui tente de se maintenir cahin-caha au bord de la rupture et où se joue la vie et la mort des patient·es, est devenu avec la pandémie de Covid-19 une image omniprésente dans notre inconscient collectif, que parce que l’hôpital public chinois ressemble aux nôtres.
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Au contraire, cet éreintement semble être la norme pour le peuple chinois. Ce documentaire, présenté lors du dernier Festival de Cannes et réalisé par la cinéaste chinoise Ye Ye, suit cinq familles dont le destin a été frappé par la maladie, la vieillesse ou un accident, et dont le quotidien se déroule désormais dans les couloirs de l’hôpital H6 de Shanghai.
Système de soins universel
Lorsque la caméra s’extrait de leur tragédie intime, c’est pour filmer l’envers du décor du système de soins et nous plonger dans une organisation qui oscille entre une idéologie faisant la part belle au rendement financier, à la division du travail et à une forme de déshumanisation, et une éthique où se mêlent solidarité, tradition et système D.
Cette immersion rappelle par certains aspects l’auscultation institutionnelle d’un Wiseman (la science du montage en moins et une fragmentation parfois déroutante en plus) et dresse le portrait des deux visages de la Chine contemporaine. Si le film n’est pas à charge contre l’hôpital chinois, la réalisatrice semble avoir pris le parti de démontrer à quel point ce sont les élans de solidarité individuels qui pallient les lacunes d’une froide organisation collective. Un parti pris brûlant d’actualité, même sous nos latitudes.
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