Pour son quatrième film, le réalisateur belge Stephan Streker propose un point de vue bancal et maladroit sur les ravages de la masculinité toxique.
Ça commence par le catalogue des clichés du couple hétéronormé. Un homme politique en pleine ascension (Jérémie Renier) est marié à une animatrice de radio plus jeune (Alma Jodorowsky). Leur relation est définie dans le film comme “passionnelle”, elle est en fait toxique.
Alors qu’elle le fuit dans le sublime palace balnéaire d’Ostende (déjà parcouru par Delphine Seyrig en divine vampiresse dans Les Lèvres rouges d’Harry Kümel), il la retrouve et la contraint à une entrevue. Au bout de cinq minutes de film, l’orage de leur dispute dissipé, ils couchent brutalement ensemble, lui rugissant au-dessus d’elle avant de jouir en silence.
Dans la scène suivante, le couple “joue” à se battre sur la plage avant d’être rattrapé par leurs problèmes. Elle lui demande à nouveau de la laisser tranquille, il ne respecte pas ce choix. Ils se battent, pour de vrai cette fois, et en plein milieu de la nuit, il annonce au réceptionniste de l’hôtel qu’il doit appeler la police car sa femme s’est “suicidée”.
Un faux suspense discutable
À partir de là, il est incarcéré et le film voudrait nous raconter quelque chose sur la culpabilité masculine. Mais il ne semble pas trop savoir quoi. La mise en scène ayant fait le choix d’occulter le moment de la mort, la première question qu’on se pose est : l’a-t-il tuée ou pas? Lui-même ne sait pas. La façon dont le film joue sur ce suspense est nauséeuse et problématique, car il semble évident que, suicide ou féminicide, il est pour le moins responsable de la mort de sa femme.
Ça semble moins clair pour le film qui déploie au contraire une “réflexion” franchement maladroite sur l’intime conviction et la façon dont elle suffit parfois à faire condamner un homme. Comme si c’était ça le problème : les hommes innocents qui peuplent les prisons.
À aucun moment le film et son personnage, puisqu’il se déploie clairement de son point de vue, ne viennent remettre en cause la relation toxique qu’il entretenait avec sa femme ; à aucun moment l’homme n’exprime une once de regret sur la façon dont il s’est comporté, à aucun moment il n’arrive à déplacer son regard pour essayer de comprendre l’enfer qu’a dû vivre la jeune femme, à aucun moment la masculinité toxique du personnage n’est battue en brèche. Si seulement Delphine Seyrig avait pu surgir du balcon et planter ses crocs dans le cou de cette homme avant que sa femme ne meure.