Bright Lights, Big City, le premier livre de Jay McInerney est enfin réédité. Une plongée cocaïnée dans un New York eighties à la dérive.
En 1984, le président des Etats-Unis est un ancien acteur, la guerre est froide et la menace nucléaire, alors la jeunesse new-yorkaise s’oublie au son des Talking Heads à l’Odéon ou à l’Heartbreak Club, des repaires de yuppies azimutés et de modèles au crâne rasé.
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En 1984, le narrateur sans nom de Bright Lights, Big City, premier roman fulgurant de Jay McInerney, a 24 ans, un job abrutissant de correcteur au “Service de vérification des faits” du “Grand Magazine” et une ex-femme mannequin qui l’a jeté pour un photographe en vogue. Brooks Brothers aux pieds et Ray-Ban sur le nez, le dandy déglingue promène son spleen de soirées dopées à la poudre bolivienne en rendez-vous galants sous Valium.
Ce roman a quelque chose de terriblement tragique
Chronique toxique d’un New York eighties encore surplombé par les Twin Towers, doublée du récit d’initiation d’un oiseau de nuit au désarroi générationnel, Bright Lights, Big City vient enfin d’être réédité en poche, après dix ans d’indisponibilité qui ont achevé d’en faire un livre culte. Mais pour de mauvaises raisons.
Car au-delà de la superficialité du glamour qu’il met en scène et à laquelle on le réduit trop souvent, le roman a quelque chose de terriblement tragique, funeste même. Il est – avant tout – un roman de deuils. Deuil amoureux d’abord.
Le satiriste implacable d’une Amérique urbaine
Deuil familial ensuite, quand on découvre que le narrateur vient de perdre sa mère dont les dernières heures de lutte contre le cancer sont sublimées par des pages aussi surprenantes que bouleversantes. Et enfin, plus métaphoriquement, deuil idéologique, auquel fait face cette Amérique reaganienne qui abandonne ses idéaux collectifs pour se vendre à un néolibéralisme désenchanté et individualiste.
Devenu le satiriste implacable d’une Amérique urbaine, bourgeoise et blanche, Jay McInerney signait avec Bright Lights, Big City le premier chapitre de sa fresque new-yorkaise vertigineuse, dont il n’a de cesse, encore aujourd’hui, de moderniser les enjeux et d’affiner les nuances. To be continued…
Bright Lights, Big City de Jay McInerney (Points), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sylvie Durastanti, 210 pages, 6,80 €
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