Kingdom of Fear

Les Ecossais de Shitdisco ont mal choisi leur nom, au moins en ce qui concerne le disco. Le disco était une musique insouciante, frénétique, délurée et joyeuse : rien à voir, donc, avec les poses vaines, l’excitation frigide et la raideur snobinarde de cette new-wavasse tellement calculée, stylisée et étudiée qu’on se jurerait en réunion de marketing. Car ne pas croire une rumeur internet qui les fait passer pour les plus féroces adversaires des Klaxons : à côté, ils sont à peine une sonnette de tricycle, un pouet-pouet asthmatique de vieux tacot. Ne pas croire non plus quelques autres ragots, qui les comparent un peu trop avantageusement à The Rapture (dont ils ont émoussé les angles et asservi la brutalité) ou à Franz Ferdinand (dont ils vulgarisent jusqu’au vulgaire les frictions postmodernes).

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Le problème de Shitdisco est juste celui des résistants de 1946, crânant en panoplie complète et immaculée du maquis, se contentant de raconter des combats vécus par d’autres, des enjeux dénoués avant eux. Pas un mauvais groupe : juste un groupe arrivé une fois le combat fini et les vainqueurs déterminés, sans le moindre risque, le moindre engagement, le moindre parti pris’ Alors bien sûr, quand on est à ce point combinard, voire cynique, on peut aussi à l’occasion, façon The Bravery, aligner quelques tubes à l’efficacité -ce mot atroce qui tente de faire croire que le génie pue sous les bras ? irrésistible. Ce sont ici Disco Blood, Reactor Party, Another ou 3D Sex Show qui se chargent de faire illusion, de simuler la fièvre et les explosions de lumière, de mercure ? le geste apprêté et la furie bien (dé)peignée. Mais on sait déjà que Shitdisco s’effacera au fur et à mesure que l’éclat des couleurs fluo, cette obligation contractuelle de 2007, virera au gris.