Une épopée nerveuse et déjantée, un survival horror à l’ancienne et un mélange de jeu de carte et de shoot’em up : c’est notre sélection vidéoludique de la semaine.
Emule de Diablo en plus rigolo, Nobody Saves the World confirme le talent des auteurs de Guacamole alors que Heaven Dust 2 rend hommage aux premiers Resident Evil. Quant à Heck Deck, il change le bullet hell en jeu de réflexion.
Nobody Saves the World
Vous êtes Nobody, Personne dans la VF, et c’est une bonne nouvelle car, n’étant rien (ou presque), vous allez pouvoir devenir n’importe qui (ou n’importe quoi) : un garde, une rôdeuse, un rat, un culturiste, une jument, une limace… À chaque “forme”, vous adopterez ses compétences particulières dans la nouvelle création des excellents auteurs canadiens de Guacamalee, née sous la double influence de Zelda (période A Link to the Past) et de Diablo.
L’enjeu devient alors de jongler entre nos différentes personnalités, passant instantanément de l’une à l’autre en fonction des circonstances sans négliger la possibilité de mélanger les aptitudes de l’une ou de l’autre pour se bâtir des alter ego sur mesure. Là réside la vraie richesse de Nobody Saves the World qui, sur la durée, séduit autant par son récit malicieux que par l’intensité de son action. Si personne n’est parfait, lui est vraiment très bon.
Sur Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, DrinkBox Studios, environ 25 €.
Heaven Dust 2
Avec Heaven Dust 2, les (deux) membres de One Gruel Studio ne se contentent pas de rendre hommage aux premiers Resident Evil dont ils s’inspirent sur à peu près tous les plans (point de vue sur l’action, gestion d’inventaire, logique de progression…) mais poussent le vice jusqu’à rendre le survival horror mignon. Peut-être parce que, des années après, c’est comme ça qu’on se souvient d’eux : avec affection.
Ne pas déduire pour autant de ses personnages super deformed et de ses décors aux allures de maison de poupée que l’aventure tiendrait de la promenade de santé, car les développeurs maîtrisent très bien la grammaire du genre. Aujourd’hui comme hier, on ne manque ainsi pas de frémir quand, émergeant d’une pièce obscure, un trio de zombies s’avance en grognant vers notre héros dont les munitions commencent à manquer. Plus abouti que le premier, cet Heaven Dust 2 est un joli cadeau de début d’année.
Sur Switch et Windows, One Gruel Studio/Indienova, environ 15 €.
Heck Deck
Variante brutale et surchargée des shoot’em up du passé, le bullet hell (ou manic shooter) ne s’était encore jamais pratiqué comme ça : dans le calme et en s’arrêtant constamment pour réfléchir au coup suivant. Avec Heck Deck, l’Américain Torcado ose en effet un mélange inédit : celui du shmup et du jeu de carte, sur un tempo changeant car les ennemis et leurs projectiles ne bougent que quand nous-mêmes le faisons.
Dans ce jeu d’évitement au style joliment dépouillé et reposant donc sur une décomposition du temps, tout est affaire de calculs et d’anticipation. Doit-on tenter de récupérer cette carte d’attaque qui serait bien utile au risque d’y perdre une dose d’énergie qu’on pense pouvoir récupérer plus tard ? Ou au contraire jouer sagement la sécurité ? La frénésie traditionnelle du genre s’efface derrière la réflexion et l’étonnant Heck Deck se révèle être cette chose improbable : un bullet hell cérébral.
Sur iOS, Android, Mac, Linux et Windows, Torcado/PID Games, environ 3 €.