Un vent d’audace et un rejet marqué de l’hétéro-normé comme fils conducteurs de la fashion week parisienne qui vient de s’achever. Retour sur les tendances importantes qui ont marqué cette semaine.
La capitale française a été, en ce mois de juin, le foyer d’esprits revendicatifs et de pratiques innovantes. Pas de profond bouleversement dans le vestiaire masculin pour 2018. La particularité, cette saison, ce n’est pas ce que l’homme porte, mais la façon dont il le porte : avec assurance. Des talons aux motifs kitchissimes en passant par la chaussette en toutes circonstances, tout semble désormais assumé.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Louis Vuitton Spring and Summer 2018. AFP PHOTO / BERTRAND GUAY
La chemisette extravagante
Il fut un temps où elle avait mauvaise réputation. Ringarde, vieillotte… La chemisette s’impose sur les podiums depuis quelques saisons. A l’été 2018, elle est dans tous les vestiaires et ne manque pas de se faire remarquer. Fleurie psychédélique chez Louis Vuitton, à dragons japonais chez Balenciaga. Alexandre Mattiussi l’aime hawaïenne portée sous une veste de costume. Elle peut aussi se faire plus sobre, noire à surpiqûres contrastées chez Hermès ou à broderies romantiques chez Dries Van Noten.
Sportswear radical
Sangles, zips de toutes tailles et poches en tout genre. Rien de nouveau jusque-là, mais cette saison les inspirations sportswear se font plus marquées, plus axées sur la praticité, moins urbaines. Si le teddy et le sac-à-dos sont omniprésents, on retrouve aussi des chaussures inspiration escalade ou cyclisme comme chez Kenzo, des pantalons combinaison de plongée chez Louis Vuitton, des maillots de basket chez White Mountaineering. Les manteaux se ferment à l’aide de clips en plastique et les bords-côtes sont rayés à la manière des maillots de baseball. Le K-way est décliné et réinventé : porté sous un costume chez Hermès, bleu ciel ciré chez Balenciaga, déstructuré et surréaliste chez Lanvin… Carol Lim et Humberto Leon l’osent même en violet pour Kenzo. Par ailleurs, c’est un Stéphane Ashpool très en forme qui a présenté une collection imaginée en collaboration avec Nike, composée de survêtements futuristes et blousons ultra raffinés à épaulettes en plumes.
Facetasm Spirng Summer 2018 © Dominique Maitre
La chaussette comme pièce maîtresse
Partout, portée de mille manières. Dries Van Noten les fait dépasser d’une boot beige sage portée avec un short effiloché. Chez Louis Vuitton, elles sont légèrement transparentes et s’invitent dans des sandales à scratch logotées. Elles peuvent remplacer le collant sous une jupe (Vêtements) ou un bermuda (Facetasm). Qu’elles soient en moumoute bleu électrique ou façon football noires à bandes blanches, elles sont portées ultra tirées.
Etudes Studio Spring and Summer 2018. © SHOJI FUJII
La rayure, trait tendance
Irrégulières, fines, ultra larges comme chez Ami, bicolores ou multicolores, elles sont sur toutes les pièces. Vestes et pantalons, chemisiers et shorts. Demna Gvasalia vire a l’obsession et l’affiche en total look chez Balenciaga, mélangeant horizontales et verticales. Elles apportent de l’élégance à des pantalons fluides et ultra larges comme chez Acne Studios.
La bonne combinaison
Si elle est à l’origine issue du workwear et donc principalement masculine, l’homme contrairement à la femme n’en a pour le moment pas fait une pièce maîtresse de son vestiaire. Cela pourrait changer à l’été 2018. Le choix est infini : version zippée prune, très élégante, chez Ami, relax façon teddy en jersey chez Facetasm, utilitaire anthracite et multi-zippée chez Kenzo ou saharienne, plus sobre, chez Officine Générale.
Thom Browne Spring and Summer 2018. AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT
Adieu vêtements hétéronormés
Sous la verrière des Beaux Arts, les mannequins de Thom Browne ont défilé avec sensualité et lenteur, vêtus de longs jupons plissés en flanelle grise, des richelieus à talons aiguilles aux pieds. La manière dont ils ont acclamé le créateur à son retour en backstage témoigne de l’évolution du regard porté sur le caractère genré du vêtement. Thom Browne est une figure reconnue pour son audace, mais bien d’autres ont suivi le mouvement. Brillance, transparence et raffinement chez Pigalle, des tops en résille chez Sacai, sequins chez Comme des Garçons… Paul Smith marque la taille des hommes et ceinture ses amples blousons fleuris. On pense à ces tuniques fendues signées Balmain. Chez Walter van Beirendonck, le gentleman de 2017 a de longs cheveux roses et ose le legging.
Comme des Garçons Spring and Summer 2018. AFP PHOTO / BERTRAND GUAY
De la surprise dans les scénos
Paris a manifesté sa lassitude face au schéma très (trop) classique du défilé où le public, passif, s’assoit et tourne la tête de droite à gauche. Donner un peu de corps à l’évènement, y injecter un peu de contact humain, marquer d’avantage les esprits et faire sourire cette assistance habituellement si sérieuse et figée. Pari relevé par Comme des Garçons, avec une scénographie disco et un podium carré façon piste de danse. Aucune lumière blanche et des mannequins libres de leurs mouvements, traînant, dansant, se pavanant. Chez Acne Studios, idée géniale de mise en scène : les visiteurs projetés au rythme d’un chronomètre sur un catwalk sous les yeux et les applaudissements des mannequins.
{"type":"Banniere-Basse"}