Les maisons de mode allaient-elles enfin prendre en compte le réchauffement climatique, se demandait-on par 38 degrés bien tapés en gravissant, ruisselante, les huit étages du parking pour assister – au sublime, c’est entendu – défilé du Belge Dries Van Noten ? On se plaisait alors à penser qu’on montait vers Dries comme vers une instance spirituelle […]
Les maisons de mode allaient-elles enfin prendre en compte le réchauffement climatique, se demandait-on par 38 degrés bien tapés en gravissant, ruisselante, les huit étages du parking pour assister – au sublime, c’est entendu – défilé du Belge Dries Van Noten ? On se plaisait alors à penser qu’on montait vers Dries comme vers une instance spirituelle supérieure, avec humilité, mais le cœur un peu gros : le défilé se déroulait dans les anciens locaux de Libé, au milieu des archives et des bureaux d’anciens collègues.
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Chez le Belge, on visualisait une des grosses tendances de l’été prochain, qui confirmait une mode masculine de moins en moins genrée et de plus en plus prompte à s’autoriser l’ornement, l’apparat, historiquement réservés au féminin : la boucle d’oreille. Attention, on ne parle pas ici de simple anneau, mais de pénétrations multiples du lobe, de perles, croix, longues chaînettes, à la manière d’un Melvil Poupaud dans Laurence Anyways ou d’une pop-star eighties.
C’était d’ailleurs un Paris très début 1980 qui servait de cadre et d’inspiration au show d’Etudes Studio. Sur le Paris de Taxi Girl, les garçons et quelques filles (la maison présentait pour la première fois des silhouettes féminines) promenaient une allure de jeunes gens modernes et mélancoliques en longs blazers et pantalons à pince, ensemble d’inspiration workwear jaune pétard ou encore pull sans manches “Cherchez le garçon” et minishort (vus aussi chez Dior) avec creepers ou Paraboot et chaussette apparente.
Assumée, extravagante, portée tant avec des claquettes (jusqu’à l’overdose) ou bien en vue, avec des chaussures de ville, la chaussette, star de cette fashion week, se vit désormais comme un éclat de couleur venant ponctuer la silhouette.
Des chaussettes, des claquettes, mais nulle nostalgie chez Pigalle, le label de Stéphane Ashpool, qui offrit un des plus beaux défilés de la semaine en investissant le musée d’Art moderne. On célébrait le sportswear bien sûr, celui-ci étant aujourd’hui à la mode masculine ce que le r’n’b est à la pop contemporaine : sa nouvelle grammaire, dont on vit des emprunts chez Vuitton, Kenzo ou encore Hermès.
Ashpool, en collaboration avec Nike, en offrit une des relectures les plus subtiles et personnelles, en mêlant imaginaire rétrofuturiste( on pensait à Star Trek et Yoko Tsuno), majesté des volumes (des pantalons parfois japonisants) et un raffinement extrême sur certaines pièces : on pense notamment à ce teddy orné sur le torse de poches transparentes emplies de plumes multicolores ou encore à cet ensemble ajouré d’inspiration basket, porté, plein de promesses, comme un déshabillé de jour.
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