Le magazine masculin généraliste GQ se refait une beauté mais garde sa ligne éditoriale : aucun risque d’embonpoint au niveau du cerveau.
Une fille en une de GQ ? Et pourquoi pas un chat en couverture de Chiens passion ?
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Après Eva Green et Gisele Bündchen, c’est au tour de Louise Bourgoin de s’installer au fronton du temple de la cause des hommes. Une paire de Weston judicieusement attachée autour du cou pour ne pas trop révéler ses seins, la “femme idéale 2010” semble la bienvenue dans cette revue pour gentlemen modernes, urbains, chics, riches, cultivés et cool.
“Décomplexés”, comme disent les directeurs de marketing. Mais décomplexés par rapport à quoi ? Aux poils, à la taille de leur organe sexuel, à l’argent, à l’arrogance ?
Dirigée par la journaliste experte en tendances Anne Boulay, le magazine ne sent pas la vieille chaussette trouée, accessoire banni de l’échelle de valeurs stylistiques déployée chaque mois par un magazine qui ne rit pas avec la défaite de l’apparence.
Enfin, en rit un peu : le ton général des papiers assume une part d’auto-ironie. Difficile de faire autrement avec des questions aussi essentielles que : a-t-on le droit de ressemeler ses Clarks ? Comment porter des bretelles ? Comment, sur une veste, distinguer une épaule romaine (structurée) d’une épaule napolitaine (sans épaulette). Ou encore : faut-il réévaluer David Guetta ?
Eh oui, les hommes les vrais, héroïsés par GQ, veulent des réponses : leur bonheur fragile en dépend. Le souci de soi et la quête du beau (beau comme ma voiture, ma moto, ma montre, mes vacances, mon costume, mon slip, ma gueule…) laissent peu de place à la vie de l’esprit. Moins glamour.
GQ ne mobilisera pas les mâles sur le front idéologique. Ou sous une forme décalée, en dressant un baromètre des dix hommes politiques les plus stylés : plus drôle et moins risqué que d’évaluer les chances de réussite du PS aux régionales.
Plutôt que de s’attacher au renouveau de la gauche, on s’intéressera à la régénération des cellules cutanées des cadres stressés. La cohérence du magazine – la question du style demeure toujours en arrière-fond – fait sa force.
Mais, pour le lecteur lambda, c’est aussi sa limite. On échoue à saisir ce qui agite au fond ces hommes modernes en dehors de leur apparence. Pas facile d’être à la hauteur.
Heureusement, GQ propose un récit et une scénographie plutôt sophistiqués. D’où son succès en kiosque depuis sa création.
Lancé en mars 2008 sur le marché français par le groupe Condé Nast, avec un investissement de 10 millions d’euros, le magazine s’est imposé sur le créneau des masculins généralistes : plus de 70 000 exemplaires vendus en moyenne tous les mois.
La nouvelle maquette, proche de l’ancienne mais avec des polices de caractère, des codes typographiques et une palette chromatique retravaillés, veut rebooster le magazine, qui s’estime copié et craint de vieillir.
Nouveau look pour vie prolongée, accompagné d’un développement du site rebaptisé gqmagazine.fr : GQ promet le paradis à ces hommes inquiets qui voudraient tous ressembler à Don Draper, le héros de la série Mad Men. Un nom qui les résume.
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