Sandrine Kiberlain dépeint, pour son premier long métrage, l’entrée dans la vie adulte de sa gracile héroïne, juive et parisienne, à l’été 1942.
Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, Sandrine Kiberlain ne résiste pas à la tentation du récit d’apprentissage. Dans les pas chaloupés de sa jeune héroïne, ce sont évidemment les siens, ceux de la jeune cinéaste, qui s’écrivent avec élégance.
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Une jeune fille qui va bien réinvestit fidèlement cet éternel mythe de la beauté à la peau diaphane et pommettes rosées, ranimée ici en la personne de Rebecca Marder, premier grand rôle à l’écran mais déjà carrière foisonnante. Mais le film est bien plus retors que l’amabilité de son titre empreint d’ironie et la physionomie de son interprète ne le laisseraient entendre.
Kiberlain a cette belle trouvaille qui consiste à faire jouer à plusieurs reprises à Irène, double fictionnel de l’actrice-cinéaste et apprentie comédienne que l’on suit les mois durant sa préparation au concours du Conservatoire, un évanouissement si bien reproduit qu’on le croit vrai.
La vie à toute allure
Derrière ce tour malicieux, c’est un état particulier du personnage et du monde qui se fait subtilement éprouver et il nous faudra en effet un certain temps avant de comprendre que le monde d’Irène est celui de la France des années 1940 et qu’Irène est juive. Une jeune fille qui va bien ne cherche pas à reconstituer le passé, qui est aussi l’histoire familiale de Kiberlain.
Il est au contraire dans l’épure, sans cesse animé par une forme de présent permanent menacé à tout moment de s’interrompre, de se dérober sous les pas pressés d’Irène, et qu’enfin elle s’écroule pour de bon. Alors Irène vit à toute allure, aime sa famille (émouvante et joyeuse, recomposée sans mère, absente), le théâtre et bientôt un garçon. Elle ne voit que ce qu’elle veut voir et des lunettes de vue n’y changeront rien. En fixant son regard (le cadre) sur la vie qui s’écoule (le plan), elle résiste un peu à la mort.
Une jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain, avec Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon (Fr., 2021, 1h38). En salle le 26 janvier.
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