Incarnant tous les rôles de la biographie de Clara Haskil, Laetitia Casta fait revivre une pianiste virtuose.
La découverte est l’un des grands plaisirs de la vie. Dès qu’elle surgit, un monde s’ouvre, élargit le réel et l’enrichit. Rien n’est plus contraire à l’esprit de frontière que celui de l’art. Pour preuve, le spectacle qu’interprète Laetitia Casta, Clara Haskil, Prélude et fugue qui retrace la biographie de cette pianiste virtuose dont Charlie Chaplin disait : “Parmi mes amis, j’ai pu côtoyer trois génies : le professeur Einstein, Winston Churchill et Clara Haskil.“
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C’est clair… Depuis la première de la pièce de Serge Kribus, mise en scène par Safy Nebbou le 5 janvier dernier au théâtre du Rond-Point, on écoute en boucle tous les enregistrements disponibles. Éblouie par le modelé, la rondeur, la fluidité de son jeu, comme si la musique était une matière qu’elle sculptait de ses doigts. Rien que pour ça, on remercie Laetitia Casta de s’en être fait la passeuse, accompagnée sur le plateau de la pianiste Isil Bengi.
Certes, la mise en scène laisse à désirer. Il ne suffit pas de plonger l’actrice dans un rond de lumière glissant sur le sol pour transformer en dramaturgie le cours d’un récit qui démarre à la petite enfance et s’achève en 1960, lors d’une chute mortelle dans un escalier de la gare de Bruxelles, la veille d’un concert. Ni de juxtaposer le monologue de l’actrice aux morceaux de piano interprétés live pour composer le portrait de cette pianiste hors norme, au parcours contrarié par les guerres, ou son manque de confiance en elle. Mais Laetitia Casta parvient malgré tout à restituer avec une fraîcheur désarmante la difficulté intime, la brisure intérieure avec laquelle Clara Haskil aura dû composer toute sa vie, dépositaire d’un don plus fort que sa volonté ou que sa peur et qui décidera de son destin, lui apprenant peu à peu à s’aimer enfin et à s’accepter telle qu’elle est. Simplement exceptionnelle.
Clara Haskil, Prélude et fugue, de Serge Kribus, mise en scène Safy Nebbou. Avec Laetitia Casta. Piano, Isil Bengi. Jusqu’au 23 janvier au théâtre du Rond-Point.
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