Calvi on the rocks fête ses 15 ans. Le festival aura vu des milliers de jeunes gens aussi bronzés qu’éméchés se dandiner sur des sons aussi variés que ceux de Neneh Cherry, Metronomy ou De La Soul. Parmi les dizaines d’artistes ayant squatté le nord-ouest de la Corse, certains sont devenus des habitués. Neuf d’entre eux racontent leurs souvenirs et impressions.
Mademoiselle Stéphanie
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Ancienne résidente du Baron de 2005 à 2015, Stéphanie Ceccaldi n’a loupé qu’une édition en 15 ans. Native de Calvi, elle fut la première Corse derrière les platines du festival. Des sets toujours éclectiques, avec du Smiths ou des enchainements Get Innocuous d’LCD Soundystem / Gene Vincent.
La première fois que j’ai entendu parler de l’idée de ce festival, c’était en plein hiver, sur la route de Calenzana. Jean-Marie Tassy, Edouard Rostand et Lionel Bensemoun tenaient une réunion pré-Calvi au restaurant le Jardin du Coucou. Je connaissais Jean-Marie étant enfant mais on s’était pas vu depuis des années. J’avais 22 ans et je mixais en vinyle dans les boîtes de Corse. J’étais toute seule, je commandais mes vinyles sur Internet. Je n’avais aucune connexion avec Paris mais ils m’ont proposé de leur donner un coup de main.
La première édition, c’était roots. La fraicheur, l’innocence : une boum géante. Il y avait déjà Pedro Winter et Sporto Kantes. Tout le monde était à contribution. Par exemple, Jean-Marie avait oublié de monter un catering pour les artistes, il avait donc appelé sa mère en catastrophe pour faire à manger pour 12 personnes. Ils avaient manger chez son beau-père, à la maison, au-dessus de chez Tao.
La première claque, c’était !!!. C’était sauvage. Je dansais, je transpirais et autour de moi il y avait des gens du milieu, des copains de Calvi, mes parents. Ils avaient emmené tout le monde dans leur folie scénique. C’était jubilatoire. Puis ça a monté en grade. Phoenix, puis surtout LCD Soundsystem en 2007, qui a marqué beaucoup de gens. Et balayer tous les doutes sur le sérieux de ce festival. Ça a marqué beaucoup de gens. Même eux, en parlent encore aujourd’hui. Je les ai revu et ils ont Calvi dans le cœur.
Je me souviens un repas à la Piazzetta. James Murphy mangeait du sanglier et m’a dit un truc du style : » voilà, c’est ça la vie. Ici vous savez vivre ! » Ça avait tellement de sens pour lui ! Il adorait se balader dans la rue le jour et croiser les gens qu’il avait vu la nuit en train de bosser. Ils se sont tous sentis chez eux à Calvi. Un des guitaristes, David Scott Stone me reparle encore de la fois où sa copine s’était coupée le pied. Je l’avais amené chez moi lui filer un pansement. C’est des trucs normaux, mais ça les touchaient. Ils ont vite dit que même si on ne les invitaient pas, ils reviendraient. James disait qu’il avait deux règles : « chaque année je vais au Japon, chaque année je vais à Calvi. »
Une fois, j’étais à la citadelle en train d’avaler un truc en vitesse pour aller écouter Superpitcher de l’autre côté de la baie, à la plage In Casa. Avec le son qui portait, je pouvais entendre son morceau d’ouverture depuis la citadelle. J’entendais ça et je regardais les montagnes roses, la mer dorée. C’était un moment d’une magie exceptionnelle. Calvi, c’est ça. Partout où tu tends l’oreille, il se passe un truc. Je suis encore émue à chaque fin de festival.
Nicolas Kantorovwicz (Sporto Kantes)
Au tout début de Calvi, le duo formé par Benjamin Sporto et Nicolas Kantorovwicz ne faisaient même pas de live. Pour la première édition, ce dernier s’est rendu en Corse en famille, pour un DJ set. Avant de revenir cinq fois.
On me proposait de payer le voyage avec une personne de mon choix et comme mon fils était tout petit, on ne payait pas l’avion pour lui. Le DJ set, c’était avec DJ Oil sur la place d’Armes. C’était le feu, un public intergénérationnel. J’ai ensuite fait une résidence avec Neneh Cherry, chez Tao, avec une table de mixage à l’arrache. Puis avec A Filetta, on avait monté un truc entre musique électronique et chants corses.
Puis je suis revenu avec Benjamin en 2010, sur le port à l’entrée du festival. On mixait pour le Fooding pendant que les gens mangeaient des huitres ou de la charcuterie.
Une fois, DJ Oil avait amené sa maman. Elle avait un certain âge et on essayait de descendre de chez Tao, mais par un chemin super dangereux. On avait du rebrousser chemin, on aurait pu mourir.
J’ai eu la pire des gueules de bois à Calvi. On avait descendu beaucoup de vodka chez Tao avec la tante de Jean-Marie. J’avais une araignée dans le bide le lendemain. Un truc horrible. Ma femme disait aux enfants de me laisser tranquille. Je ne bois plus vraiment, depuis.
Il y avait de sacrées équipes backstage. C’était marrant de voir James Murphy d’LCD Soundystem, un Américain en Corse. Puis il y avait Pedro. La première année, on avait pris le vol retour Calvi – Paris et il m’avait dit qu’il montait un label. Je montais un label aussi mais je n’ai pas réussi à vendre 600 exemplaires de mon maxi. Lui, il parlait d’Ed Banger. Quelques jours plus tôt il était en train d’aider ma femme à changer les couches de mon gamin pendant que j’étais en train de mixer.
Pat Mahoney (LCD Soundystem)
Si le festival a un groupe culte, c’est LCD Soundsystem. La formation new-yorkaise s’est produite trois fois en Corse, comme en 2007, pour un concert culte que la jeunesse locale n’oubliera jamais. James Murphy aimait tellement Calvi qu’il revenait chaque année, mixer sur la plage ou en after, gagnant le surnom pour certains de « parrain de Calvi. » Son batteur, le grand barbu Pat Mahoney, attend, lui, qu’on book son side project, Museum of Love.
La première fois, on n’était pas encore si gros. On restait un phénomène underground. Je n’étais jamais allé en Corse, donc c’était très cool. On a joué avec Hot Chip, ils étaient incroyables. Ils ont rejoué en 2010 et c’était le feu. Je me souviens encore de danser sur We Have Love avec mon épouse. Bref, nous, ce premier soir, nous étions très mauvais. J’étais au début d’une romance avec la femme qui est devenue mon épouse. Elle est française et n’avait vu que quelques concerts. J’étais nerveux. C’était dur pour un groupe de notre taille, avec tout notre équipement, de jouer sur une si petite scène. On n’était pas totalement à l’aise, mais c’était quand même marrant. Puis nous étions probablement tous un peu trop saouls. On avait eu un très long déjeuner avec les frères Dewaele, les 2manyDjs. C’était un restaurant dans l’une de ses petites rues de Calvi, sur une terrasse. Je crois qu’on mangeait du poisson, je ne suis plus sûr, mais je sais qu’on a bu beaucoup de rosé corse.
Chaque fois, c’était un peu comme des vacances. On ne gagnait pas vraiment d’argent parce que ça coûtait beaucoup d’envoyer tout l’équipement là-bas. Au milieu d’une tournée, on restait une semaine à Calvi, pour manger, sauter des rochers, se baigner, se relaxer. Certains membres louaient des scooters pour aller en montagne. Personne ne savait qui on était, donc c’était génial. On a aussi pris un bateau de Calvi pour descendre la côte jusqu’à ces caves volcaniques (les calanques de Piana, ndlr). Nous sommes allés dans un restaurant sur une petite crique qui n’était accessible que par bateau. On a mangé de la charcuterie merveilleuse, pris quelques verres de vins puis on est allé à la cabane de ce mec, en haut de la falaise. C’était un personnage. On a passé l’après-midi avec lui.
À Calvi, il y avait quelques parisiens mais la plupart des gens étaient locaux. Donc c’était comme jouer à la foire du comté dans une petite ville. C’est beau, puis il y a de la débauche dans la citadelle. C’est super pour les fans de voir le groupe dans un cadre si intime. Ça n’arrive pas ailleurs.
Je me souviens d’un duo de DJs qui sautaient en arrière de la falaise. Ils atterrissaient dans l’eau à 30 centimètres des rochers. Je pensais vraiment qu’ils allaient mourir. Puis ma femme et moi allions sauter aussi. On a pris trois pas d’élan, on se tenait la main, mais elle n’a pas sauté. J’ai failli m’exploser la tête parce que je lui tenais toujours la main quand j’ai sauté.
Nous avons rencontré beaucoup de gens. Comme Stéphanie, la DJ, qui servait des verres et est devenue une amie. Ou Simian Mobile Disco, avant qu’ils sortent We Are Your Friends avec Justice. Dès qu’on en avait la chance, on disait à tous les groupes d’y aller. C’est un festival très spécial.
Marco Dos Santos
Ancien patron du Paris Paris, Marco Dos Santos, sa grosse barbe noire mêlée à une épaisse chevelure surmontant habituellement une chemise manche-courte, fait partie des têtes que l’on croise depuis toujours à Calvi. Il sera de nouveau présent cet été, pour la onzième fois.
J’y suis allé pour la première fois en 2005. Calvi, c’était assez confidentiel, un mini-festival. J’avais l’impression d’être un enfant, il y avait quelque chose d’incroyable.
Il n’y avait qu’une seule plage, l’Octopussy. Pas de transats, il n’y avait pas tout cet ornement qu’on voit maintenant. C’était juste un petit bar au bord de l’eau. J’avais mixé avec Edouard Rostand et Pedro (Winter), et on n’était pas plus d’une centaine. Il n’y avait pas autant d’encadrement qu’aujourd’hui, c’était la totale liberté. Après les sorties de club, certains ne voulaient pas dormir. Alors ça trainait sur les plages. On faisait des rencontres.
Ce qui est différent à Calvi, c’est le format. Ça reste un petit festival. On peut aller d’un bout à l’autre à pied, sans galérer d’un site à l’autre. Pas besoin de vélo, de scooter ou de taxi. C’est un prolongement au bord de la mer. Sauf la plage de la villa Schweppes, pour laquelle tu dois prendre un bateau ou un 4×4 sur une route pierreuse et terreuse. C’est petit, donc les gens se croisent et ont l’impression d’être dans un truc de copains.
Je me souviens d’un concert du batteur de Trans Am. Lui tout seul avec sa batterie et des boîtes à rythme qui fonctionnent seul. C’était à l’Eden Club, il jouait dans trois mètres carré entouré de gens. C’était incroyable. Après, il y a eu Soulwax et LCD Soundystem. James Murphy était en transe devant son micro. Je les ai vu plusieurs fois, dans d’autres endroits que Calvi, mais ce concert de 2007 était incroyable. Mythique.
La meilleure closing, un mercredi soir, c’était Smagghe, Jennifer Cardini, Michael Mayer. C’était l’année où Kate Moss s’était mariée avec le mec de The Kills. Ils fêtaient ça dans un bateau au large de Calvi, sans trop être au courant du festival. À un moment, on ne la pas vue arrivée, mais Kate Moss a pris un zodiac pour venir. Elle s’est retrouvée devant nous dans la cabine.
Michael Mayer
Légende de la scène électronique de Cologne, Michael Mayer annonce d’entrée sa tristesse de ne pas voir Calvi cet été : « Elle me manque, la Corse! » Le boss du label Kompakt fait lui aussi partie des habitués du festival, que ce soit pour des sets seuls ou avec Supermayer, son duo avec un autre Allemand, Superpitcher.
J’ai du entendre parler du festival pour la première fois il y a dix ans. C’était ma première fois en Corse. J’y reviens souvent depuis, hors festival. J’ai par exemple loué une maison dans les terres, vers Ajaccio, entre mer et montagne. C’est très calme. J’ai été happé par la magie de l’île.
J’ai vu des couchers de soleil incroyables depuis la citadelle. Après la plage, aussi. Tu pars à pieds, un peu saoul et arrive sur le port lorsque le soleil se couche. C’est très beau.
J’y suis souvent allé avec mes deux enfants, donc je ne fais pas trop la fête. On prend le train ou un taxi pour aller à l’extérieur de Calvi. C’est un peu trop pour les enfants et ils aiment voir des poissons dans l’eau. J’ai aussi vu des couchers de soleil magiques depuis la citadelle.
Le catering à la citadelle est incroyable. J’ai goûté l’un des fameux fromages corses, ceux qui sentent beaucoup. C’était une sacrée expérience. Puis c’est l’eau de vie corse à la fin du repas, qui est un peu une tradition. C’est la mère du patron du festival qui nous la donne.
Le premier titre qui me vient en tête quand je pense à Calvi c’est Panta Rei, d’Agoria. C’est parfait pour la plage. Je l’ai joué moi même, le jour où Kate Moss est venue à la cabine de DJ et a embrassé ma main, que je n’ai plus lavée depuis.
Para One
Autre quasi-résident d’On The Rocks, Para One se perd dans les éditions. Combien de fois y-est-il allé? Huit fois, pense-t-il. Dont une première en 2005, grâce à des photos dans M, le magazine du Monde.
Ça faisait rêver ! Je m’étais dit « putain, il faut que j’y aille ». Alors j’y suis allé et ai de suite rencontré ceux qui sont devenus ma famille de Calvi. Pas forcément des gens connus. Des potes sont devenus certains de mes meilleurs amis à Calvi. On a développé des relations plus personnelles là-bas. Au début, on jouait face à la mer. C’était dingue. Puis on allait squatter sur les rochers, avant d’aller se baigner quand le soleil s’était levé. On avait l’impression d’une fête qui ne finissait jamais.
Il y a toujours un côté intime et familial. Tout le monde se ballade avec une clef USB au cas où tu puisses faire un back to back qui n’était pas prévu. Tu as l’impression d’être le bienvenu partout, tout le temps. Si bien que je me suis retrouvé une année à jouer 10 fois en 3 jours… Record personnel. J’avais joué avec Marco Dos back to back pendant 4 heures dans une cabane qui comptait 10 personnes. Assis sur des caisses, avec des drag-queens qui étaient danseurs sur je ne sais plus quel show avec nous. On avait l’impression d’être dans une petite cabine qui allait décoller vers l’espace.
Mon meilleur souvenir de live reste en 2008. Je jouais entre Soulwax et 2manyDj’s. À la fois très intimidant et hyper stimulant. Les deux défonçaient. J’avais gardé mes Wayfarer sur le nez pour pouvoir affronter le public sans trop baisser les yeux. Question de timidité. J’ai arrêté de faire ça depuis…
J’ai aussi découvert Hot Chip à Calvi, en live. Il y avait toujours plein de trucs de DFA. The Juan McLean avait joué Happy House, morceau que j’ai découvert live et qui a duré 12 minutes. Ça ne s’arrêtait jamais, c’était assez fou.
La meilleure chose que j’ai mangé à Calvi sera forcément l’escalope à la saltimbocca de la Piazzetta. Au rosé. Je ne bois que ça là-bas. Rien d’autre. Pas d’eau du séjour. Comme beaucoup d’autres.
La chose la plus folle que j’ai vu, c’est Jimmy Joint rentrer dans l’Annexe en scooter. J’étais en train de jouer et il a klaxonné en rentrant dans le club, à 5h du matin.
Si un titre est Calvi, c’est pour moi l’édit de Todd Terje d’I Want Your Love de Chic. À Calvi, les gens sont moins sur-excités et impatients que dans des festivals où ils n’ont pas le temps. Le fait que le morceau mette du temps à décoller, ça les rend les particulièrement fous.
Puis il y a Time des Pachanga Boys. Je les ai vu le jouer plusieurs dizaines de minutes d’affilé sur la plage, mais c’est des résidents de Calvi. C’est symbolique.
François Dagregorio (Disgrace/Le Disko)
Aujourd’hui à la tête d’un autre festival, Ballà Boum, le collectif Disgrace est composé d’une bande de jeunes tous originaires de la région bastiaise. Ils « montent » à Calvi depuis qu’ils sont majeurs, chaque été. En 2013, alors appelés Le Disko, ils foutaient également le feu à une plage du festival, concluant un set énervé par du Chagrin d’Amour.
La première fois, c’était en 2006 pour Para One, en buvant du rhum Trois Rivières dégueulasse. On était resté assez con. Des potes, Les Petits Pilous, disent toujours que c’est ce set qui les a décidé à faire de la musique. Puis leur succès à eux nous a convaincu de nous y mettre.
Calvi, c’était le premier festival en Corse destiné aux jeunes. Donc quand Edouard Rostand nous a proposé d’y jouer, c’était l’endroit ultime pour nous. On avait déjà vu des légendes, passé des soirées inoubliables. On jouait sur la plage, en bordel jusqu’à 21h avant d’enchainer sur le port, à l’Eden, en première partie de Michael Mayer, de 1h à 3h. Quand on est arrivé, la boîte était déjà ouverte, les lumières étaient allumées et il y avait une quarantaine de personnes, par terre, qui attendaient qu’on mette de la musique. Il y avait un système de son sur-dimensionné pour une si petite boîte. Ça, c’est Calvi. En première partie, tu es censé juste mettre l’ambiance pour celui d’après. Mais on était quatre, la sauce prenait, on était un peu bourré et l’avant dernier disque on a mis Le Prince Noir, un remix de Pilooski. C’est assez énervé. Je me souviens du regard de Michael Mayer qui avait l’air de dire : « qui c’est ces merdeux qui bombardent avant moi ? »
Des moments incroyables, il y en a eu des tas : 2manyDjs, des images de Pachanga Boys qui explosaient sur la plage. C’est con de le dire, parce qu’on les a vu cent fois. Mais c’est l’été où était sorti Time. Il y avait toute notre équipe et on s’en souviendra toujours. Puis il y a eu tous les appartements qu’on a partagé, les hôtels où, plus jeunes, on dormait à cinq alors qu’il n’y avait qu’un lit. Calvi, c’est aussi les rues quand tu rentres à 7h, que tu manges des sandwichs horribles ou des pains au chocolat que tu essaies d’offrir à une touriste. On montait comme des gamins, on a grandi là-haut en retrouvant des gens. Ça fait partie de la jeunesse insulaire à jamais.
Yuksek
Au théâtre de verdure, chez Tao jusqu’au matin à la Villa Schwepes avec une chemise en jean trop chaude pour la saison, Yuksek fait aussi partie de la légende de Calvi. Il y retourne d’ailleurs cet été.
Il y a toujours cette ambiance de colonie de vacances. Les gens ont envie d’y jouer. Ils réussissent à avoir des têtes d’affiche pour ça, ils ne les paient pas toujours une fortune. C’est l’inverse des autres festivals. Ce n’est pas Calvi qui court à la surenchère de têtes d’affiches en payant des fortunes.
James Murphy venait plusieurs années de suite parce qu’on lui donnait une maison une semaine, que c’était cool et que ça tombait plus ou moins en même temps que son anniversaire. C’est pour ça que tu as pu voir LCD Soundystem devant 600 personnes avec une scène de 40 centimètres de haut. Phoenix, pareil C’était un peu unique. Le festival est toujours très bien, il y a une vraie scène de festival mais pour Phoenix il n’y avait quasiment pas de lumière. C’était presque plus la citadelle qui éclairait derrière.
Dans mes premières années, il y a aussi eu un set de Joakim sur la plage qui m’avait marqué. Très disco, minimale, obscur. C’était pas la musique dans laquelle j’avais la plus grande culture et je m’y suis beaucoup plongé depuis. C’était un déclencheur.
Mais ce n’est pas que de la musique. J’aime par exemple beaucoup manger à la Piazzetta. C’est de la cuisine corse très lourde, ça te pose un truc en début de soirée. J’attend ça avec impatience tous les ans.
Arnaud Rebotini
Arnaud Rebotini n’a fait que deux Calvi, mais a marqué les esprits. Sur la plage, sur scène avec Black Strobe ou à l’Annexe, un des afters du festival. Il transpirait à grosses goûtes et faisait des grimaces, en collant sa moustache contre ses narines. Il ne s’en rappelle pas mais se souvient d’autres choses.
J’y suis allé pour la première fois il y a plus de dix ans. C’était un de mes premiers live electro solo. À cause de l’humidité de la mer, une des machines qui contrôlait un peu tout s’est mise à déconner. Elle n’a pas démarré. J’ai du faire tout le live avec un synthé et une boîte à rythme. Les gens ont trouvé ça génial ! Alors que j’en ai chié à fond. Il y avait un côté un peu rough, complètement à l’énergie, qui a bien fonctionné. C’était une étape importante dans ma carrière.
Je me souviens aussi d’un set sur la plage de la Villa Schweppes. J’avais joué beaucoup de blues, de country, de rockabilly, il y avait toutes ces filles en maillot qui dansaient sur du John Lee Hooker. Le rosé collait bien avec le temps, le rythme de la musique et l’indolence générale. Il y avait de la charcuterie délicieuse pour aller avec ça. Il y avait une ambiance particulière. Tu n’avais pas l’impression d’être en Corse en 2015.
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