Le réalisateur d’Espion(s) se lance dans un film très ambitieux sur le syndrome de la guerre du Golfe, intitulé Le Soldat. Son acteur principal, Nicolas Duvauchelle, nous donne quelques indications.
Mangas, jeux vidéo, cinéma, romans d’anticipation : l’actualité au Japon a démontré une fois encore la porosité de la frontière entre fiction et réalité. Si les studios américains de la Warner ont pris acte des évènements récents -en déprogrammant des écrans nippons le film Au-delà de Clint Eastwood et sa séquence de tsunami inaugurale-, si les éditeurs de jeux vidéo participent à l’effort national –en repoussant la sortie de plusieurs titres, Motorstorm, Disaster Report 4-, une étonnante information de production est parvenue en fin de semaine dernière en France.
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Le site du Film Français annonce la mise en chantier du prochain long métrage de Nicolas Saada, l’histoire d’un survivant de la guerre du Golfe (1990-1991), victime collatérale des armes chimiques et, peut-être, d’une exposition à l’uranium appauvri. Une image qui renvoie immanquablement à celle des « liquidateurs » japonais, techniciens-soldats de la centrale de Fukushima exposés à des doses mortelles de radioactivité. Mais aucun soupçon d’opportunisme dans le projet de Nicolas Saada, dont le scénario, presque finalisé, traîne depuis plus d’un an dans les cartons de la société de production Chic Films (Un prophète).
Un point obscur de la fiction
« Bien sûr on pense au Japon, à ces types envoyés au front dans les centrales nucléaires, et qui vont forcément mourir, mais c’est une histoire différente », nous explique Nicolas Duvauchelle, qui assurera le rôle principal du projet pour l’instant intitulé Le Soldat.
Deux ans après le brillant Espion(s) (et sa promesse d’un cinéma de genre français contemporain), Nicolas Saada se lance dans ce nouveau film très ambitieux : l’histoire d’un volontaire de 25 ans (Nicolas Duvauchelle, donc), confronté aux retombées des armes chimiques pendant la guerre du Golfe sous les ordres d’un officier peu scrupuleux.
Le film devrait se concentrer sur la période de l’après-guerre, le retour en France du jeune militaire contaminé, réduit au statut de cobaye de laboratoires pharmaceutiques. Et peut être virer en vigilante (pure spéculation), quand Le Soldat retrouve, dix ans plus tard, la trace de l’officier responsable de son état.
« Je n’ai rencontré Nicolas Saada qu’une seule fois pour ce projet, et on a eu un super contact, confie Nicolas Duvauchelle. J’avais beaucoup aimé Espion(s), mais ce scénario là, c’est autre chose. Une histoire géniale, et encore jamais traitée au cinéma. »
Si le conflit irakien a déjà été exploré par le cinéma (américain, presque exclusivement), le phénomène très controversé du « syndrome de la guerre du Golfe » reste un point obscur de la fiction. Cette maladie répandue chez les vétérans et responsable de nombreux cas de cancer a été récemment reconnue par les Etats-Unis et l’Angleterre – une instruction est en cours depuis 2002 en France. Ses origines restent encore indéfinies, mais l’association de défense des victimes Avigolfe met en cause « la toxicité chimique, les effets des vaccins inoculés aux soldats » et une possible exposition à « de la radioactivité ».
« Ce sera un rôle compliqué mais passionnant, explique Nicolas Duvauchelle. Je serai de tous les plans, dans une performance très physique. Le personnage est progressivement atteint par des maux de tête, des vertiges, et des séquelles plus violentes encore. Il me faudra perdre beaucoup de poids. »
Un argument passionnant donc pour le second long-métrage de Nicolas Saada, l’ancien critique et co-scénariste de l’oublié polar de Pierre Salvadori, Les Marchands de sable. Il dirigera pour la première fois Nicolas Duvauchelle, qui devrait donner la réplique à Sandrine Kiberlain dans un tournage prévu entre la France et le Maroc. « Nous apportons les derniers éléments au scénario, explique-t-on à Chic Films. Nicolas Saada a beaucoup d’exigences artistiques sur ce film, donc nous ne sommes pas vraiment pressés. Le tournage devrait normalement démarrer à la fin de l’été. »
Romain Blondeau
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