Le dandy parisien réunit au grand jour ses amis artistes autour d’une tablée moins savoureuse que ses virées nocturnes des nineties.
En 1996, Édouard Baer et Ariel Wizman avaient signé sur Canal+ un faux documentaire hilarant et inoubliable, Paris la nuit, qui tournait en ridicule les virées nocturnes de Paris Dernière, leur roublardise poseuse et calculée, leur mythologie à bout de souffle. Sans agressivité – ce n’est pas le genre de la maison –, mais avec tout de même le besoin de se moquer de tout ça et de démystifier.
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Vingt-cinq ans après, le rire est toujours là, mais la mythologie s’en tire à moindres frais. Baer est entre-temps lui-même devenu une divinité parisienne, et c’est avec un peu moins de second degré qu’il réunit dans une brasserie légendaire (La Closerie des Lilas) un panthéon d’icônes fictives jouées par des icônes réelles, cercle d’artistes gastronomes embourgeoisés rassemblés pour un rite étrange (subvenir aux besoins d’un mystérieux Japonais dont ils vénèrent l’oisiveté) qui n’est que l’alibi de leur gueuleton annuel.
Une approche pantouflarde quoique charmante
Le film fait mine de prendre au sérieux l’adieu de son titre (les dieux de Paname sont des vieux cons, leur panache n’est plus et ce n’est d’ailleurs pas anodin que tout ait lieu de jour, à un horaire d’enterrement, un dimanche gris dans une brasserie fermée, loin de la photogénie d’antan), mais on sait bien ce qu’il en est des derniers verres. Il s’agit surtout ici de tout miser sur la seule présence de ces fortes gueules aux élucubrations sympathiques mais ennuyeuses, qui ont une fâcheuse tendance à ne mener nulle part (excès d’impro ?).
L’approche pantouflarde a quelque chose de très libre et de charmant, comme son auteur, et quelques numéros font mouche (Baer et Poelvoorde), mais on se sent un peu le dindon de la farce : et si la prochaine fois, au lieu de faire semblant de faire un film, vous vous contentiez d’aller bouffer ?
Adieu Paris d’Édouard Baer avec Pierre Arditi, Benoît Poelvoorde, Gérard Depardieu (Fr., 2022, 1 h 36). En salle le 26 janvier.
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