En célébrant les claquettes-chaussettes dans un morceau viral, le rappeur Alrima achève de coolifier un ancien “fashion faux pas”.
Une pudeur mal placée
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C’est l’histoire d’un détail vestimentaire longtemps méprisé. Décrit comme “un truc de touriste allemand” ou “de plus de 70 ans”, la claquette-chaussette (ou port de chaussette dans une sandale plate ouverte) n’a jamais eu la cote. Elle signifiait l’impossibilité d’assumer son corps et la volonté de le cacher même en été.
Dès lors, les pieds étaient perçus comme les victimes d’une pudeur mal placée, étouffés derrière une chaussette hors-saison qui n’avait pas à se montrer puisqu’elle était destinée à éponger transpiration et frottements à l’intérieur d’une chaussure fermée.
Utilisée à mauvais escient, la chaussette était accusée de faire pire que bien en empêchant le pied de respirer (et donc de ne pas puer). Quant à voir dans cet habillement du pied le refus de dévoiler une partie potentiellement érotique de son anatomie (coucou Tarantino), il n’y a qu’un pas.
Tube de l’été
Mais voici la claquette-chaussette à la une : “Non, l’association claquettes-chaussettes n’est pas une faute de goût”, titre L’Express. “Alerte, déferlante de claquettes-chaussettes dans les lycées français”, assure Libé. Si l’on manque encore d’un sondage afin d’affirmer que oui, il y a bien une vague de claquettes-chaussettes dans les établissements scolaires, on peut tout de même constater que le hashtag #Claquetteschaussettes existe sur Twitter et Instagram.
Et qu’un clip baptisé Claquettes chaussettes, signé chez Def Jam France, a comptabilisé plus de 2 millions de vues sur YouTube en un peu plus d’un mois. Le rappeur Alrima y raconte l’été à “la tess” et affirme que “même en claquettes, on est bien sapés”. Soutenu par une prod afro-trap, Claquettes chaussettes est taillé pour être le hit de l’été, loin devant Rihanna, DJ Khaled et leur sample de Santana qui peuvent aller se rhabiller.
De l’ironie
La mode de la claquette-chaussette n’est pas récente. En 2014, le Daily Mail assurait qu’elle n’était plus un “fashion faux pas”, photo de Bruce Willis (LOL), d’Elle Fanning ou de Rita Ora (OK) à l’appui. Et Adidas promouvait sa fameuse “adilette” de 1972 – avec la campagne #socknslides.
Un an plus tard, Rihanna s’affichait dans cette tenue et le Washington Post rapportait que joueurs de foot et mannequins kiffaient la sandale-chaussette. Voici donc l’exemple d’une appropriation ironique pour se hisser au sommet du cool.
Porter une tenue perçue comme ringarde permet de montrer son indifférence au regard d’autrui et de transmettre son état d’esprit Yolo, le cool ne se trouvant pas dans la claquette-chaussette mais dans son enrobage de second degré. Ou peut-être n’est-ce que la mort du cool, justement. Le cool n’étant cool que tant qu’il n’a pas été désigné comme tel. Un peu comme l’insouciance, en somme.
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