Le MoDem est au moins provisoirement absent du gouvernement (qui doit être remanié ce soir), suite aux départs de Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez. Explications.
Après la « vague » La République en marche (LREM) aux législatives, la majorité présidentielle vient de connaître une spectaculaire vague de départs du gouvernement. En 24 heures, Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe ont assisté aux démissions en chaîne de François Bayrou (ministre de la Justice), Marielle de Sarnez (ministre des Affaires européennes) et Sylvie Goulard (ministre des Armées). En cause : l’enquête sur les assistants parlementaires du MoDem, mouvement auquel ils appartiennent, qui les concerne directement.
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François Bayrou quitte le gouvernement (à l'AFP) https://t.co/jUB4aGkSw1 #AFP pic.twitter.com/eJxq1GNtGo
— Agence France-Presse (@afpfr) June 21, 2017
Tout a commencé le 22 mars, avec l’enquête préliminaire pour abus de confiance concernant 19 eurodéputés – dont Marielle de Sarnez –, dont les assistants auraient cumulé leur travail avec des fonctions politiques. Le 16 juin, France Info a versé au dossier les contrats de collaborateurs d’eurodéputés MoDem confortant cette hypothèse. Un assistant parlementaire de Sylvie Goulard y est déjà mis en cause.
Sylvie Goulard et son assistant très occupé
Sylvie Goulard est la première à avoir franchi le pas de la démission sous la pression de l’enquête – entraînant ses deux camarades du MoDem avec elle. Le Canard enchaîné, dans son édition du 21 juin, raconte les coulisses de ce départ fracassant. Le matin du 20 juin, elle explique aux membres de son cabinet que l’enquête sur les assistants parlementaires va la contraindre à se défendre, et qu’elle ne pourra pas le faire si elle reste ministre. Elle l’explique encore dans son communiqué :
“Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le Modem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j’y ai accompli.”
Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont bien tenté de la dissuader, rien n’y a fait. « Je m’applique le critère d’exigence qui correspond à la vision que je me fais de l’Etat! », aurait-elle répliqué. Les policiers chargés de l’enquête devraient entendre dans les prochains jours Stéphane Thérou, un fidèle de M. Bayrou qui a été assistant parlementaire de Mme Goulard au Parlement européen. Or il était en même temps à la tête de l’Institut de formation des élus démocrates (Ifed), qui prodiguait des formations payantes aux élus locaux – ce qui nécessitait de nombreux déplacements.
Marielle de Sarnez aurait travaillé en famille
François Bayrou a été entraîné dans le tourbillon des démissions. Alors qu’il a planché fermement sur la loi de « moralisation de la vie politique », qui interdit notamment aux membres du gouvernement et aux parlementaires d’employer des membres de leur famille (une conséquence de l’affaire Fillon), il s’avère que son parti n’est pas irréprochable en la matière.
Le Parisien a ainsi recensé « pas moins de trois membres de la famille de Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou et première vice-présidente du MoDem, qui ont bénéficié d’emplois rémunérés ». La réalité de leur travail n’est pas mise en cause, c’est seulement leur lien familial avec la responsable politique qui est dans le viseur.
Le fils de la ministre des affaires européennes, Augustin Augier, a ainsi été employé par le groupe UDF à l’Assemblée nationale comme « chargé d’étude » de janvier 2003 à mai 2005. Sa sœur Valérie Azaïs et son neveu Clément Azaïs ont aussi été employés par le Modem, la première à la communication du parti : « Elle travaillait sur la communication et l’événementiel, notamment à l’organisation des meetings », rapporte une ex-militante. Le neveu s’occupait pour sa part des réseaux sociaux lors de la campagne municipale de 2008 et pour le compte de la fédération de Paris du MoDem, présidée alors par Marielle de Sarnez. Cette dernière démissionne donc du gouvernement, mais pour prendre la tête du groupe MoDem à l’Assemblée nationale.
Le MoDem hors du gouvernement ?
Christophe Castener, le porte-parole du gouvernement, a réagi à la démission de M. Bayrou en ces termes : « Je respecte ce choix personnel, il souhaite se défendre dans ce dossier, donc se donner les moyens de le faire. Dont acte. » Alors qu’un remaniement gouvernemental doit être annoncé à 18h, les spéculations vont bon train sur la présence ou non du MoDem au gouvernement. « Le MoDem a toute sa place dans l’engagement présidentiel et dans la majorité présidentielle, que ce soit au gouvernement ou à l’Assemblée. Mais ce soir le remaniement portera aussi sur des noms nouveaux qui viendront d’horizons différents », a annoncé Christophe Castaner. En tout cas, de manière assez ironique, l’auteur de la « loi sur la moralisation de la vie politique » en est la première victime…
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