François Desagnat livre un décalque sympathique mais artificiel, qui fait rentrer dans le rang la folie dure du dessinateur.
Au rythme de publication déjà soutenu des bandes dessinées de Fabcaro doit désormais s’ajouter celui de leurs adaptations, huit mois à peine s’étant écoulés depuis la sortie du Discours (Laurent Tirard). Et c’est déjà assez pour commencer à se demander si la bande dessinée indépendante française ne servirait pas de bonne poire, ou de label singularité, à un cinéma hexagonal qui s’intéresse moins à en recréer sa musique propre qu’à surfer paresseusement sur ses succès.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Zaï Zaï Zaï Zaï est certes très loin des produits les plus préformatés dont ce marché a accouché (Polina en 2016, Le Combat ordinaire en 2015, et donc Le Discours). Mais son décalque d’une BD qu’il reprend pourtant presque au mot près, avec une seule modification d’importance (le héros n’est plus bédéaste mais comédien), n’accouche jamais que d’un ersatz, un nonsense surécrit aux accents quelque peu théâtraux et fabriqués, qui, selon les scènes, marche parfois totalement et parfois pas du tout – en tout cas jamais comme son modèle.
À lire aussi : “Le Discours” : adaptation ratée, mode d’emploi
Le film est drôle, c’est certain ; moins que le livre, ça l’est aussi. Il est surtout un peu normalisé, un peu trop sympathique, et donc un peu aberrant, tant le livre était avant tout un délire à une seule voix, une déglutition de panique propre à un auteur et un personnage confondus l’un en l’autre, avec pour tout contrechamp la surdité totale d’une France dystopique. Un cri de solitude qui est au fond ce qui manque le plus à cette sympathique comédie de bande canalplussoïde.
Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat, avec Jean-Paul Rouve, Ramzy Bedia, Julie Depardieu (Fr., 2021, 2h). En salle le 23 février.
{"type":"Banniere-Basse"}