Un étonnant et palpitant manga d’Atsushi Kaneko.
Dans une ville nouvelle aux coquets pavillons, aux massifs soignés et aux habitants polis, deux policiers enquêtent sur la mystérieuse disparition d’une famille ordinaire. Alors que les recherches piétinent, des événements inexplicables se produisent : des tas de sel apparaissent, des adolescents font des crises d’hyperventilation…
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Thriller haletant doublé de fantastique, Soil d’Atsushi Kaneko est un manga singulier, qui surprend d’abord par son atmosphère. Tel un intemporel suburb pavillonnaire américain, Soil Newtown est composée de rues perpendiculaires et de maisons bien alignées. Mais derrière les façades et les sourires, on entrevoit des fissures, des craintes. La ville ressemble ainsi plus au troublant Lumberton de Blue Velvet qu’à une ville japonaise.
Soil tranche également par son style graphique assez éloigné des mangas traditionnels. Pour instaurer son climat délétère, Atsushi Kaneko incorpore à un style ligne claire des éléments grotesques (expressions outrées, personnages défigurés, suants ou portant des masques). Et alors que les auteurs japonais puisent rarement leur inspiration à l’étranger, Atsushi Kaneko a certainement lu Charles Burns. Le trait noir, les gros plans inquiétants, les physiques monstrueux, les chairs qui suintent et les corps qui reflètent les angoisses intérieures rappellent immanquablement l’auteur américain.
Mais Atsushi Kaneko ne se contente pas d’une simple transposition de ses influences. Il glisse en douceur ces éléments dans un récit au rythme effréné, à la narration complexe mais limpide. A cela, il ajoute un humour froid et ironique en introduisant des personnages insolites, tels ces deux ados fanas de paranormal ou le duo de policiers, formé d’un vieux misogyne et d’une jeunette pleine de bonne volonté, qui explose à lui seul les codes du buddy-movie. Original et virtuose, Soil est un manga passionnant dont on attend avec impatience… les dix autres volumes.
Anne-Claire Norot
Soil – tome 1 (Ankama), traduit du japonais par Thibaud Desbief, 228 pages, 8,55 euros. Sortie du tome 2 le 24 mars
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