YoYoYoYo, premier album de ces féroces branleurs américains, fut l’une des belles raisons d’avoir connu 2006 : dans une hystérie connective, ces morveux frictionnaient hip-hop dépravé, electro vaurienne et breakbeats amphétaminés avec une insolence et une hilarité qu’on attendait depuis les Beastie Boys ou les Happy Mondays. C’est dire à quelle altitude on place ces […]
YoYoYoYo, premier album de ces féroces branleurs américains, fut l’une des belles raisons d’avoir connu 2006 : dans une hystérie connective, ces morveux frictionnaient hip-hop dépravé, electro vaurienne et breakbeats amphétaminés avec une insolence et une hilarité qu’on attendait depuis les Beastie Boys ou les Happy Mondays. C’est dire à quelle altitude on place ces petits cons sur l’échelle sociale. Baltimore devenait, grâce à eux et au génial Diplo, le centre du monde pour tout fan de groove déréglé, débauché.
Presque deux ans après, Diplo justement, ce mauvais esprit, frappeur en plus, envahissait les platines du club londonien Fabric, pour un mix qui fait furieusement figure de manifeste générationnel, d’ultime revue des troupes avant invasion imminente et sans merci des radios de la galaxie ? les clubs, eux, ont succombé déjà, sauf le Papagayo de Bourganeuf qui se tâte encore. En artiste ou en anticorps, à travers des remixes tapageurs, on y entend donc CSS, Justice, Mylo, Uffie, Bonde Do Role, Simian Mobile Disco, Para One ou Hot Chip ? soit un best-of absolu des groupes électroniques les plus excitants et joueurs de l’époque, accompagnés de quelques vétérans intouchables (Yello, Daft Punk) ou d’incongruités potaches (Tangerine Dream ou Yes).
Le plus étonnant étant, ici, le rôle de figurant accordé au hip-hop, représenté par ses ancêtes (Kurtis Blow ou Tom Tom Club), ses vagues cousins anglais (Kano) ou ses grandes gueules de saison (Rick Ross). Techniquement, toutes ces perles de groove aux hormones sont enchaînées à la tronçonneuse, mais qu’importe : ce mix ne s’adresse pas aux têtes sinistres des juges techniques, mais aux fesses des fêtards.