Du passement de jambes au catwalk, il n’y a qu’un pas franchi par Nike avec le nouveau maillot officiel des Bleus.
Le maillot
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La marinière, pièce culte, et aujourd’hui largement galvaudée, fait donc son entrée dans le dressing des joueurs de l’équipe de France. Quinze raies bleues viennent désormais orner le blanc du maillot officiel des matchs à l’extérieur, comme un “clin d’œil au patrimoine culturel national” afin de “reprendre un petit peu les valeurs françaises ou les principes français”, si l’on en croit un Laurent Blanc enchanté dans le clip promotionnel de Nike.
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En effet, d’origine française, la marinière fait partie des tenues officielles de la Marine nationale depuis un décret du 27 mars 1858. Destinée aux simples matelots sans grade, sa confection est alors clairement réglementée : les raies blanches au nombre de 21 doivent être d’une largeur de 20 millimètres et les raies bleues larges de 10 millimètres au nombre de 20 à 21. Pourquoi 21 ? Le nombre correspondait alors à celui des victoires napoléoniennes. On en souhaite au moins autant à l’équipe de France qui devra se départir de l’idée selon laquelle les rayures ont jadis été adoptées pour mieux repérer l’homme tombé à la mer.
Le ballon de Damoclès
Ici, Alou Diarra, nouveau capitaine de l’équipe, pose de profil, bien moulé dans son nouveau maillot, le regard fixe sur un ballon en suspension au-dessus de sa tête (position dans laquelle il est fort difficile de ne pas loucher). Une mise en scène qui joue consciemment ou pas sur la légende de l’épée de Damoclès.
Pour rappel : à la fin du Ve siècle avant J.-C., Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, propose à Damoclès de prendre sa place le temps d’une journée afin de lui montrer que la vie de tyran, eh ben c’est pas si facile. Une fois assis sur le trône, Damoclès remarque alors suspendue à un crin de cheval au-dessus de sa tête une grosse épée placée là par le malicieux Denys, bien décidé à prouver que le pouvoir et la richesse vont de pair avec les soucis, au pire une mort imminente.
Les Français prompts à juger les joueurs de foot “qui gagnent des milliards et ne sont pas capables d’en mettre un” doivent-ils en tirer une conclusion ? Alou Diarra lui-même doit-il prendre conscience que, pour faire oublier la débâcle de la Coupe du monde, humilité et victoire sont inévitables ? Ou était-ce simplement une référence au numéro phare de Tintin l’otarie, star de Marineland ? Suspense.
La caution mode
Eliminons directement la référence à Tintin l’otarie : la photo promo du maillot de Nike a été prise par Karl Lagerfeld – omniprésent en ce moment, de son étrange publicité pour Volkswagen à son partenariat avec Coca. Lagerfeld, caution mode, vient ajouter un peu de glamour à tout ça et rappeler qu’en 1917 déjà, Coco Chanel (fondatrice de la maison dont il est directeur artistique) imaginait le total look matelot à Deauville.
Depuis, la marinière est venue habiller des figures ou personnages clés du XXe siècle, de Picasso à Brigitte Bardot en passant par Jean Seberg dans A bout de souffle, Tadzio dans Mort à Venise ou Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée. Si elle est aujourd’hui plus liée à Jean Paul Gaultier, qui lui a donné un charmant petit côté queer, qu’à Chanel, que penser de tous ces supporters et de leur petit ventre de bière que les rayures horizontales ne viendront pas forcément flatter ? Drames à venir.
Diane Lisarelli
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