Du cinéma espagnol de ces dernières années, on ne retenait guère que Pedro Almodovar et Julio Medem (L’Ecureuil rouge, Vacas). Il va désormais falloir compter avec un petit nouveau : Juan Emmanuel Bajo Ulloa (il n’a que 28 ans et tourne déjà depuis dix ans). Ismael (Karra Elejade) profite du prégénérique pour tuer une mère […]
Du cinéma espagnol de ces dernières années, on ne retenait guère que Pedro Almodovar et Julio Medem (L’Ecureuil rouge, Vacas). Il va désormais falloir compter avec un petit nouveau : Juan Emmanuel Bajo Ulloa (il n’a que 28 ans et tourne déjà depuis dix ans). Ismael (Karra Elejade) profite du prégénérique pour tuer une mère sous les yeux de sa petite fille. Plus tard, il va retrouver la fillette devenue femme (Ana Alvarez), et restée mentalement handicapée depuis cette scène traumatisante. Maïté (Lio), l’épouse d’Ismael, va assister impuissante à la fascination, puis à l’attachement progressif de son mari envers la jeune fille… Voilà le synopsis très psy d’un drôle de film. Le fils naturel de Sailor et Lula (pour l’absolu de la passion amoureuse) et de Tristana (pour le renversement progressif d’une relation malsaine mais excitante). Bajo Ulloa passe au mixeur le drame rouge sang avec un humour bien noir, et on en redemande. La tension baisse parfois et peut donner le sentiment que le cinéaste se désintéresse de son histoire pour se consacrer à la mise en scène, en particulier dans les scènes d’humour. A chaque fois, elles bénéficient d’un timing impeccable, et on est véritablement cueilli, sommé de rire aux éclats. Exemple : cette scène où Ismael tente de neutraliser une vieille dame dans sa cuisine. La grand-mère est tellement sourde et aveugle que, sans le voir, elle parvient à le terroriser. Il finit par tomber dans les pommes et quand elle le découvre enfin, elle s’écroule à son tour. Raconté ainsi, ça n’a l’air de rien. Mais la mise en scène au cordeau est tellement inventive que cette séquence est franchement irrésistible. Bajo Ullua évite le maniérisme, nous prend constamment à revers, fait passer nos nerfs de la haute tension à la chute brutale, nous montre la beauté cachée d’un laid tueur, et nous révèle aussi en Lio une tragédienne haut de gamme… Sa « Mère morte » ne manque décidément pas de sel.
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