La Dernière marche est un film qu’on aurait voulu aimer, ne serait-ce qu’à cause de son metteur en scène, Tim Robbins. Son premier film, Bob Roberts, sur un politicien d’extrême droite menant sa campagne sur des arguments démagogiques avait au moins le mérite d’envoyer un gros coup de poing dans le pif de l’Oncle Sam […]
La Dernière marche est un film qu’on aurait voulu aimer, ne serait-ce qu’à cause de son metteur en scène, Tim Robbins. Son premier film, Bob Roberts, sur un politicien d’extrême droite menant sa campagne sur des arguments démagogiques avait au moins le mérite d’envoyer un gros coup de poing dans le pif de l’Oncle Sam et de l’establishment hollywoodien. Tim Robbins se penche aujourd’hui sur le problème de la peine de mort en se donnant la peine d’expliquer pourquoi il est contre, et comment cette sanction ne résout strictement rien, ni la douleur des familles touchées ni les statistiques de criminalité. Matt Poncelet (Sean Penn, toujours remarquable) est un détenu condamné à mort pour le viol et le meurtre d’un couple d’adolescents. Il demande à une nonne (Susan Sarandon, pas crédible) de l’aider à plaider sa grâce, puis de l’accompagner dans ses derniers instants. Seulement, Tim Robbins s’attaque à cette histoire avec le même doigté qu’un André Cayatte : avec des pataugas lourdés de semelles de plomb, en bombant le torse en avant tel un boy-scout fier de son totem. Les bonnes intentions de Tim Robbins ne suffisent pas à sauver son film de la mièvrerie. Et son excès de sentimentalisme dégoulinant, montrant ses personnages en train de sombrer progressivement dans des poses christiques pour expier leurs mauvaises pensées, est proprement insupportable. La Dernière marche est sans doute le film idéal pour feu Les Dossiers de l’écran. Ce qui n’est pas un défaut en soi. Mais malheureusement, le film de Tim Robbins ressemble plus au débat de l’émission qu’au film qui le précède. Tim Robbins filme merveilleusement les dialogues et les monologues. Rarement un acteur aura aussi bien décroché le téléphone que Susan Sarandon dans le film de son mari. Le théâtre filmé de monsieur Robbins est beaucoup trop statique et se résume à une série de discours soupesant le pour et le contre sans se soucier de savoir si le tout sera diffusé sur un grand écran, à la télévision ou à la radio.
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