La nuit, tous les gens sont gris. Fidèle à ce détournement proverbial moyennement rigolard, Françoise Etchegaray a l’incontestable mérite de pousser son projet jusque dans ses ultimes retranchements. Sept en attente raconte la dernière fête qui déroule ses tristes lampions dans un immeuble banlieusard immense et glacé. Comme un reflet de la déréliction intérieure des […]
La nuit, tous les gens sont gris. Fidèle à ce détournement proverbial moyennement rigolard, Françoise Etchegaray a l’incontestable mérite de pousser son projet jusque dans ses ultimes retranchements. Sept en attente raconte la dernière fête qui déroule ses tristes lampions dans un immeuble banlieusard immense et glacé. Comme un reflet de la déréliction intérieure des personnages qui déambulent en son sein. Le film, comme son titre l’indique, suit à la trace les méandres sentimentaux et existentiels de sept individus, hommes et femmes, traités avec une attention démocratique de tous les instants. L’une attend son mec et l’autre un enfant. L’un n’attend pas grand-chose et l’autre presque rien. Tous respirent cet état d’incertitude de l’affect propice à l’épanchement complaisant et à l’autisme suicidaire. Ceux qui aiment ruminer contre une certaine tendance du cinéma français en pâmoison devant le minimalisme psychologique, option névrotico-répétitif, trouveront là de quoi alimenter leur énervement favori.
Cinéaste honnête et aventureuse, Etchegaray a décidé d’entreprendre ce film dans une urgence de fabrication qui, pourtant, aurait pu s’avérer payante. Tourné en treize nuits et reposant sur l’improvisation des acteurs, Sept en attente recèle d’ailleurs de beaux moments arrachés à l’intimité désaccordée de comédiens qui finissent inévitablement par se confondre avec les personnages qu’ils incarnent. Revers de la médaille, le film se casse malheureusement plus d’une fois le nez sur les ornières de son propre dispositif. Lassitude née du ressassement psychologique que la cinéaste peine à éclairer d’un véritable point de vue ou d’une mise en scène suffisamment en accord avec les soubresauts des personnages. Curieusement, la polyphonie et le passage d’une micro-histoire à une autre finissent par donner à l’ensemble un arrière-goût factice, contradictoire avec les ambitions de départ. Comme si le grand shoot de réel n’aboutissait finalement qu’à un trip naturaliste un rien volontariste. Ce qui manque au film, c’est sans doute le poil de fiction et de dramaturgie que la cinéaste n’a pas su (ou pas voulu) rechercher au cœur de l’intimité de ses acteurs.
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