Pantalons à pinces, génie impuissant et choucroutes filasses : ouïe, on revoit le Bowie des eighties
Compiler les images de David Bowie en DVD était une nécessité à usage des générations futures, un devoir d’histoire. Mais on aurait largement pu s’arrêter au précédent volume, couvrant les années 74/79, et sauter les années 80. Car hormis l’intouchables vidéo de Ashes To Ashes, qui propulsa à elle seule les chaînes musicales balbutiantes, on ne garderait pas grand-chose de ces images clinquantes, précieuses ridicules, désertées. David Bowie lui-même nous l’avait confié, évoquant ces années creuses : “Il n’y a plus la moindre inventivité, la moindre flamme. J’ai beaucoup trop délégué, ne me suis pas assez impliqué, j’ai été totalement indifférent à ce qui m’arrivait.”
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Ouf, on respire : Bowie était donc mentalement irresponsable quand on lui a enfilé un atroce pantalon à pinces crémasse, le genre qui donne l’impression que vous avez fait dedans. Il était aussi innocent, au sens psychiatrique du terme, quand un coiffeur farceur lui a confectionné une genre de choucroute en poil de chameaux, avec des vagues à faire bander une plage entière de surfers basques.
Il était donc, on se sent nettement mieux, privé de ses capacités normales de raisonnement quand il se dandinait avec la grâce d’un père éméché au mariage de sa fille unique, dans un décor De Chirico de pizzeria de galerie marchande, pour le clip consternant de Loving The Alien. Bowie, lui-même, s’amuse de cette schizophrénie inquiétante, jouant dans Blue Jean le rôle d’une rock-star larguée, aux danses pompeuses, et celui d’un beauf torve, aussi à l’aise dans ce club nouveau riche que mon curé chez les nudistes. De tous les personnages joués par l’Anglais depuis la fin des sixties, on ne sait pas vraiment lequel de ces deux-là correspond le mieux au Bowie des eighties.
JD Beauvallet
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