Un jeune homme (Ben Attal) est accusé d’avoir violé une adolescente (Suzanne Jouannet). Il n’y aucun témoin et tout deux disent détenir la vérité. Leur vie et celle de leur proche va alors basculer dans la machinerie implacable d’une instruction judiciaire.
Septième long métrage d’Yvan Attal, Les choses humaines est l’adaptation du très médiatisé roman de Karine Tuil. Sorti en 2019, au lendemain du surgissement du mouvement #BalanceTonPorc, le livre épousait une vive contemporanéité sociale sur la question, en parvenant à s’adresser à une génération à la fois raffermie par la lutte féministe tout en interrogeant les éventuelles dérives des réseaux sociaux et de leur fonction semblable à celui d’un tribunal populaire.
Sur cette affaire, le choix d’Attal, sera celui de l’impartialité, de l’écoute attentive et à durée égale des deux partis qui s’affrontent, positionnant son·sa spectateur·trice dans la délicate place du juré·e d’une cours d’assises. Censé·e faire appel qu’à son intime conviction, on comprend bien vite que celle-ci sera nécessairement investie et traversée par des considérations sociales et morales qui dépassent le cadre du Palais de Justice.
La complexe question de la perception
Si l’on trouve particulièrement gênante la stratégie du film de mettre au même niveau, la victime d’un viol et le rouleau compresseur judiciaire, tout comme présomptueuse sa prétendue impartialité de mise en scène, ce ne sera pas sur cela que l’on portera nos réserves (Attal est tout à fait libre de le penser). Si l’on demeure tiède devant cette entreprise, c’est que malgré le sérieux, l’extrême application et la documentation (à l’image de son modèle littéraire), elle ressemble davantage à une plaidoirie sortie d’un manuel qu’à un film-débat. Elle est plus à discuter qu’à considérer pour ses ambitions formelles, et un plan-séquence virtuose durant les plaidoiries finales ne suffira pas à rehausser les ambitions cinématographiques.
Quelques semaines plus tôt, sur un sujet similaire et dans une forme tout aussi didactique construit sur le modèle triptyque d’une dissertation Le Dernier Duel nous semblait hautement plus pertinent grâce à une mise en scène qui parvenait à traduire esthétiquement les arguments des différents partis. Dans un moment charnière du film, un gros plan sur un soulier laissé sur le sol laisser entrevoir une première vérité qui sera ensuite totalement réfutée par le second parti. Ce qui était le signe d’un consentement à un rapport sexuel pour l’un, porte en fait l’un des terribles symptômes de détresse de sa victime (dans sa fuite, terrorisée de peur, la jeune femme avait laissé malencontreusement tomber son chausson). Par ce rapport dialectique et avec des moyens purement cinématographiques, le film de Scott, nous dit plus sur l’interprétation faussée d’un désir et sur la complexe question de la perception que ces plus de 2 heures de procédure judiciaire restituée studieusement.