Dans le feuilleton des morts massives d’animaux de ces derniers mois aux quatre coins de la planète, un nouvel épisode vient de s’écrire dans les eaux du port de Redondo Beach, près de Los Angeles. Lundi dernier, des dizaines de milliers de poissons morts recouvraient les eaux du petit port californien.
La série avait débuté la nuit du Nouvel An avec la mort inexpliquée de 5000 oiseaux dans la petite ville de Beebe, dans l’Arkansas :
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Le « mystère » s’était ensuite épaissi au rythme des nouveaux cas en Louisiane, en Suède puis au Viet Nam, tous recensés sur cette carte.
C’est dans le port de Redondo Beach que s’est déclenché le dernier phénomène meurtrier en date, lundi dernier. Les images sont particulièrement impressionnantes :
Chaque rebondissement est largement relayé par les médias américains et européens, mais c’est sur la blogosphère que viennent se multiplier les spéculations entre théories du complot et prophéties apocalyptiques.
Si certains y voient la matérialisation de punitions divines, référence faite aux sept plaies d’Egypte, d’autres tiennent pour responsable de la mort des volatiles l’US Army qui aurait profité de la nuit et du ciel libre de toute aviation civile le soir du Nouvel An pour tester un nouveau gaz toxique en altitude.
D’autres considèrent que les soldats homosexuels sont à l’origine de ce cataclysme, puisqu’ils relèvent une coïncidence entre ces événements et l’abrogation du Don’t ask, don’t tell aux Etats-Unis.
Vous l’aurez compris, les commentaires pleuvent sur le Net comme les merles à ailes rouges sur la petite ville de Beebe.
Des décès habituellement inaperçus
L’interview de l’ornithologue Ian Newton par le journaliste allemand Thomas Krumenacker a le mérite de remettre les pendules à l’heure. Le scientifique corrobore la thèse de sa consoeur américaine mandatée par l’Etat de l’Arkansas, selon laquelle « les oiseaux auraient pu être attirés par des lumières puis heurter des bâtiments ou même le sol ».
Interrogé sur le caractère exceptionnel de tels évènements, il tempère :
« Le problème avec ces incidents, c’est qu’ils sont très difficiles à observer jusqu’à ce qu’ils se produisent dans une zone habitée. De nombreux oiseaux meurent en mer et ces décès restent inaperçus. »
Il affirme ensuite n’être « pas surpris d’une moyenne d’un ou plusieurs cas par an ». Son opinion sur la flambée médiatique qui entoure ces événements ? Il renvoie la balle à son interlocuteur : « Une mortalité inexpliquée constitue un bon sujet pour les médias car elle soulève des soupçons. »
A Redondo Beach, les algues jugées coupables
Du côté de Redondo Beach, selon le Los Angeles Times, experts et pêcheurs locaux se tournent, unanimes, vers la thèse de la prolifération d’algues, déjà responsable de l’asphyxie de milliers de poissons en 2003 et 2005.
Ce ne serait pas un cas isolé pour le scientifique Robert Diaz de l’Institut des sciences marines de Virginie. Dans un rapport remis au Congrès en septembre dernier, il recense une centaines de « dead zones », du nom donné à ces surfaces aquatiques où se développent à grande vitesse des bactéries, grandes consommatrices de l’oxygène présent dans l’eau. Cette croissance bactérienne est favorisée par le réchauffement continu des eaux océaniques et les autres espèces aquatiques en subissent l’effet direct et désormais mortel.
L’impact de l’activité humaine sur la biosphère reste donc une donnée à ne pas jeter complètement aux oubliettes dans ces affaires.
Théophile Wateau
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