Avec un Will Smith qui cabotine, “La Méthode Williams” n’évite pas tous les poncifs du genre et passe complètement à côté de son sujet.
Voilà le retour d’un Will Smith dont on n’avait plus entendu parler depuis une bonne quinzaine d’années : celui des compositions de prestige, qui se déforme la trogne et parle avec une espèce de purée étrange dans la bouche (la salive que lui inspirent les Oscars, sans doute), au service de rôles vertueux et “inspirants” pétris dans le moule dont sont faites les grandes récompenses – qu’il n’a encore jamais obtenues.
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Narrant l’éducation des jeunes sœurs Williams par leur père Richard, qui avait avant même leur naissance planifié toutes les étapes de leur vie, de leur initiation au tennis dès le berceau à leur future gloire éternelle, La Méthode Williams n’est d’ailleurs pas sans points communs avec À la recherche du bonheur, son rapport totalement névrotique au travail et à la discipline personnelle, son mélange glauquissime d’individualisme forcené et de servilité aveugle, même si cette fois ce sont les enfants qui trinquent.
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Sans âme
Le récit choisit de se concentrer sur la sortie de la chrysalide : entre la fin de l’enfance et l’adolescence, derniers moments de misère (la famille vit dans une maison minuscule de Compton, les gangs rôdent autour du court à l’abandon où les filles s’entraînent) et premiers de triomphe, alors que Venus gagne les faveurs des plus grands coachs ainsi que tous les tournois sur son passage.
Mais très peu d’idées émaillent son récit prêt-à-monter, tout aussi écrit par avance que la carrière de ses héroïnes – apologue complaisant dont on sent qu’il remplit l’intégralité de son contrat en se contentant d’asséner sans le moindre relief ses leçons de persévérance.
Tout est filmé sans une once d’âme – ni le sport (caricature de plans très serrés voulant tout et rien dire, nappés d’une épaisse coulée de musique seule habilitée à nous donner des informations sur le cours du match), ni surtout les sœurs, dont on passe le film à se demander, contrairement à lui, ce qu’elles pensent vraiment de tout ça. Le service (pardon) minimum eût été de se poser au moins la question : et si elles n’avaient pas eu vraiment envie de faire du tennis ?
De Reinaldo Marcus Green avec Will Smith, Saniyya Sidney, Demi Singleton (États-Unis, 2021, 2 h 18). En salles le 1er décembre.
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