On a déjà imprimé des millions de tonnes de papier sur Hollywood et, malgré tout, on ne se lasse pas d’y revenir, comme mu par l’irrésistible nostalgie d’un improbable paradis perdu. Ce mois-ci, Dominique Lebrun propose une monumentale histoire iconographique de la plus gigantesque usine à rêves du xxe siècle un livre d’images à […]
On a déjà imprimé des millions de tonnes de papier sur Hollywood et, malgré tout, on ne se lasse pas d’y revenir, comme mu par l’irrésistible nostalgie d’un improbable paradis perdu. Ce mois-ci, Dominique Lebrun propose une monumentale histoire iconographique de la plus gigantesque usine à rêves du xxe siècle un livre d’images à la gloire d’une fabrique à images, c’est logique. L’ouvrage est divisé en six parties chronologiques, allant de la naissance de cette nouvelle industrie (années 1914 à 27) jusqu’à la fin du système historique des studios (période 1960 à 69), chaque partie étant précédée d’un texte de présentation. Lebrun n’est certes pas Philippe Garnier : sa prose ne possède pas la même flamme rêveuse et mélancolique, la même dimension labyrinthique d’archéologue obsessionnel. Lebrun est aussi un fan, son érudition n’est pas en défaut, mais ses textes n’ont pas d’ambitions critique ou théorique : il s’agit avant tout de dérouler l’histoire officielle, de présenter clairement les faits et la chronologie hollywoodienne, et d’assaisonner le tout avec les centaines d’anecdotes et de petites histoires qui l’ont parsemée. Rien de bien neuf sous les sunlights pour qui connaît un peu ce terrain-là. Mais ce qui est remarquable et constitue la véritable raison de se procurer ce livre , c’est la richesse du matériel photographique réuni, la qualité de son agencement et de sa reproduction. Presque tout Hollywood semble consigné et immobilisé dans ces pages : photogrammes de films, scènes de tournages, photos privées, séances officielles… On peut revoir ce qu’il y avait devant la caméra, derrière la caméra, dans les films, entre les films… Samuel Goldwyn et sa femme tranquillement conquérants, Buster Keaton maniant de la pellicule, une séance de maquillage de Boris Karloff pour Frankenstein, Anna Magnani et Tennessee Williams, Brando dirigeant La Vengeance aux deux visages, etc. Ce qui frappe lorsqu’on feuillette rapidement ces pages qui couvrent plusieurs décennies, c’est la légendaire rapidité du star-system. Exemple : omniprésents dans les années 20, les Buster Keaton, Gloria Swanson ou von Stroheim disparaissent complètement dans les pages et époques suivantes (comme dans le funèbre Sunset Bvd de Wilder). Petit temple de papier élevé à la gloire d’Hollywood, cet épais bouquin rappelle aussi (involontairement) sa terrible cruauté.
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