Robert Rodriguez et Tarantino refourguent du Pulp fiction en version Leader Price. Les héros sont très fatigués.
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Décrit comme un des projets chéris de Tarantino, l’un de ses scripts écrits entre deux bouchées de cheeseburger et une gorgée de Coca, coincé derrière le comptoir de son vidéo-club, Une Nuit en enfer ne pouvait que susciter des battements de cœur chez le tarantinien de base, prêt à tout pour retrouver la présence du maître. Même à avaler du Pulp fiction light. Une Nuit en enfer n’est pas l’étage en dessous de Pulp fiction, c’est carrément le sous-sol. Ce n’est plus du light ou du Leader Price que Tarantino nous sert, c’est du Creutzfeldt-Jakob. Comme quoi, l’Angleterre n’a pas l’exclusivité du hamburger pourri. Interrogé sur le film, Tarantino décrivait Une Nuit en enfer comme « la rencontre entre La Maison des otages et un film de vampires. » En dehors de ce concept de départ plutôt prometteur, le film évolue entre le zéro et le néant. Dans le dossier de presse américain, on pouvait lire : « La plupart des membres de l’équipe d’ Une Nuit en enfer ont travaillé sur Reservoir dogs, Desperado et Four rooms. » Une info quasiment inutile car même un aveugle s’en serait aperçu. Une Nuit en enfer est rempli de tics scénaristiques déjà présents dans les précédents films de Tarantino : scène de tchatche en ouverture, cinéphilie infusant tous les personnages, violence cartoonesque, traitement des genres cinématographiques au quarantième degré. Une Nuit en enfer constitue définitivement le match de trop. Les héros sont fatigués. Autrefois talentueux, ils livrent là une redite vaine, boursouflée et stérile. Un équivalent cinématographique de la seconde partie de championnat de Dely-Valdes au PSG. On ne peut pas dire que Tarantino ait ici bâclé son scénario : il aurait pour cela fallu qu’il l’écrive. Plus que de La Nuit des morts vivants ou du cinéma de Mario Bava (en particulier le second segment sur les vampires Wurdalaks dans Les Trois visages de la peur), son inspiration principale semble ici provenir des graffitis de chiottes de la gare de l’Est dont il a su retenir la syntaxe et l’élégance de ton. Il y a pourtant beaucoup de choses marrantes dans Une Nuit en enfer : Tarantino en acteur, Harvey Keitel en prêtre, Robert Rodriguez en metteur en scène. Mais elles ressemblent trop aux pitreries de Dely-Valdes devant les buts. Involontaires, donc pathétiques.
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