Il y a quelques années, Andrzej Wajda avait essuyé son lot de polémiques avec Korczak, film controversé qui traitait de la liquidation du ghetto de Varsovie. Il revient aujourd’hui avec une nouvelle fiction consacrée à l’attitude des Polonais vis-à-vis des Juifs pendant la dernière guerre. 1943 : le ghetto se soulève. Irena, une Juive qui […]
Il y a quelques années, Andrzej Wajda avait essuyé son lot de polémiques avec Korczak, film controversé qui traitait de la liquidation du ghetto de Varsovie. Il revient aujourd’hui avec une nouvelle fiction consacrée à l’attitude des Polonais vis-à-vis des Juifs pendant la dernière guerre. 1943 : le ghetto se soulève. Irena, une Juive qui fuit les nazis, est hébergée par Jan dans son immeuble de banlieue. Alors qu’au loin les flammes embrasent le ghetto, un microcosme se met en place. Il y a des héros et des lâches, des moitiés de héros et des trois quarts de lâches. Une concierge antipathique, un proprio qui ne veut pas d’emmerdes, la compagne de Jan, pieuse catholique. La Semaine sainte dépeint la grande histoire à travers le prisme de l’immeuble. Une sorte de sitcom historique où chaque image vaut pour son statut à proprement parler exemplaire. Wajda ne cherche pas à représenter l’horreur de l’extermination des Juifs. Sa grande affaire à lui, c’est le peuple polonais. Dans La Semaine sainte, les autochtones sont témoins d’un « crime » devant lequel ils restent impuissants. Si remords il y a, il est consécutif à une passivité relative, nullement à une quelconque collaboration. Soucieux de « bien faire », Wajda prend soin de montrer d’authentiques salauds et s’attache également à dépeindre de braves gens salvateurs. Des gens qui ont sans doute existé, là n’est pas la question. Mais dans un film où chaque personnage représente plus que lui-même et figure une métaphore, il y a quand même des scènes qui dérangent. Exemple : les résistants polonais qui pénètrent le ghetto pour sauver les Juifs. Dans le film, un plan résume l’épisode. Image édifiante d’une bande d’ados qui, seuls contre tous, bravent les fusils nazis. Message inscrit en filigrane : la jeunesse polonaise (l’avenir de la nation, donc) n’a nullement à rougir de son histoire nationale.
Ce n’est pas à Paris, cinquante ans après les faits, dans le cadre d’une courte chronique, que l’on s’essayera à porter un jugement définitif sur l’attitude de la Pologne vis-à-vis des Juifs. Il reste pourtant évident que le film de Wajda est un objet symptomatique et maladroit. La Semaine sainte n’est pas loin d’aboutir à une absolution généralisée. Le genre de constat qui, en Pologne comme ailleurs, reste pour le moins douteux.
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