“Heureusement, quand je me suis réveillé, j’étais encore un petit garçon.” C’est la dernière phrase du film, bienvenue puisqu’elle permet de le réévaluer en rêve de gosse, alors qu’on le trouvait justement un peu court en “parcours initiatique”, cette tarte à la crème. Lex, 13 ans, la sensibilité à vif dans un corps en marshmallow, […]
« Heureusement, quand je me suis réveillé, j’étais encore un petit garçon. » C’est la dernière phrase du film, bienvenue puisqu’elle permet de le réévaluer en rêve de gosse, alors qu’on le trouvait justement un peu court en « parcours initiatique », cette tarte à la crème. Lex, 13 ans, la sensibilité à vif dans un corps en marshmallow, vit à Glasgow en 1968, et c’est donc à travers ses yeux de « kid » que nous observerons quelques tableaux plus ou moins pittoresques. Lex ne cesse de fuir le giron familial pour traîner dans la rue, suivre les plus fascinants des voyous du quartier, tenter même de se faire accepter au sein d’un gang, quitte à ce que ce soit un groupe rival de celui dans lequel ses frères aînés font le coup de poing. A l’inverse, le réalisateur lâche les guerres de gang dès qu’elles risquent de déraper West Side story, préfère filmer une mère dépassée mais attentive, des réunions familiales ennuyeuses autant que tendres. Ce chemin qu’ils font en sens inverse Lex de la maison vers la rue, Gillies MacKinnon de la rue vers les intérieurs équilibre tellement le film qu’il se fige par moments. Il faut alors une scène forte (aussi angoissante et troublante que celle de l’agression dans la patinoire) pour que cet équilibre se rompe, relançant l’intérêt du spectateur. Sur les personnages en revanche, MacKinnon tire son épingle du jeu. Il rend très émouvant Bobby, le frère aîné, chef en second dans un petit gang, s’accrochant fébrilement à son statut précaire et dérisoire ; croque avec finesse Alan, le cadet, artiste porté par sa passion et indifférent au bruit du monde. Ou encore un chef de bande impressionnant de culture qui passe son temps à voler des livres pour se constituer une bibliothèque. Attendue au tournant vu le contexte, la BO colle des frissons, bondissant sans complexe d’un morceau des Beatles que l’on croyait avoir oublié à Sunny afternoon, titre météorologiquement incorrect. Rien par contre des Small Faces, qui donnent seulement leur nom et leur contexte historique au film, eux qui illustrèrent le précepte de Pete Townshend : « Hope I die before I get old. » Lex, lui, n’est pas mort, mais il n’a pas encore vraiment vieilli, et en ce qui concerne le film, c’est très bien ainsi.
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