On le sait désormais : Devendra Banhart, Joanna Newsom ou Espers ? pour ne citer que ces trublions du freak-folk ? ne jurent que par le folk britannique des années 60-70. C’est-à-dire par Trees, Trader Horne, Heron, Dando Shaft et cet aréopage de groupes qui allaient frotter la tradition au psychédélisme champêtre. De ceux-là, l’Incredible […]
On le sait désormais : Devendra Banhart, Joanna Newsom ou Espers ? pour ne citer que ces trublions du freak-folk ? ne jurent que par le folk britannique des années 60-70. C’est-à-dire par Trees, Trader Horne, Heron, Dando Shaft et cet aréopage de groupes qui allaient frotter la tradition au psychédélisme champêtre. De ceux-là, l’Incredible String Band fut sans aucun doute l’un des plus étonnants, avec son instrumentarium exotique ramené du monde entier. Echappant à toute classification, son univers singulier mélangeait le folklore européen aux sonorités moyen-orientales, avec une innocence, une fraîcheur et un sens de l’exploration peu courants. On l’ignore souvent, tant l’indifférence semble générale : Robin Williamson, l’un des créateurs de cette formation avec Clive Palmer et Mike Heron, continue d’œuvrer.
Au cours des six dernières années, il a en effet enregistré trois albums sous la bannière du label allemand ECM, tous nimbés d’une spiritualité et d’une poésie lumineuse au diapason de ses préoccupations animistes. Sur The Iron Stone, à coté de textes des poètes élisabethains Walter Raleigh et Thomas Wyatt notamment, d’anciens morceaux datant de 1968 sont repris, dans lesquels l’inspiration ne s’avère jamais cadenassée par quelque étouffant souci de la tradition. Car Robin Williamson a su voir loin, large et généreux en convoquant à ses côtés le multi-instrumentiste Ale Möller et les free-jazzmen Barre Phillips et Mat Maneri (respectivement à la basse et au violon), dont la science, liée à l’improvisation, irrigue de ses déviances un folklore imaginaire toujours mouvant. Sous les doigts de ce quartet de rêve, la solennité des ballades médiévales écossaises, rehaussée par une harpe celtique comme on en entend rarement, se transforme en véritable tapis volant. Cosmique !