Après Taxi blues, et même après le plus discutable Luna Park, on attendait beaucoup de Pavel Lounguine et de Ligne de vie. Le film sur la mafia russe, sur la déliquescence de Moscou et globalement sur la Russie d’Eltsine gangrénée par la corruption restait à faire, et Pavel Lounguine semblait l’un des mieux placés pour […]
Après Taxi blues, et même après le plus discutable Luna Park, on attendait beaucoup de Pavel Lounguine et de Ligne de vie. Le film sur la mafia russe, sur la déliquescence de Moscou et globalement sur la Russie d’Eltsine gangrénée par la corruption restait à faire, et Pavel Lounguine semblait l’un des mieux placés pour le réaliser. C’est peu de dire que le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. Un Français, musicien de profession (Vincent Pérez), se retrouve en transit à l’aéroport de Moscou. Il y rencontre une jeune fille russe qui l’embarque dans une boîte de nuit. Après avoir été drogué, il se retrouve otage d’une famille de la mafia russe qui va l’obliger, en échange de sa liberté, à se faire passer pour un homme d’affaires français et à vendre une usine de coton imaginaire en Ouzbékistan. Il y a des choses réussies dans Ligne de vie : un intéressant portrait de parrain mafieux ne sombrant pas dans le manichéisme, une vision originale de Moscou et de l’ex-Empire soviétique se démarquant avec succès des dépliants touristiques ou des images affligeantes aperçues dans les films et téléfilms américains. Pourtant, c’est en comparant Ligne de vie avec certains films de genre américains que la faiblesse de celui-ci apparaît la plus patente : une faiblesse dans l’interprétation, en particulier chez Vincent Pérez et la fille du parrain qui l’embarque dans ses filets avant de tomber amoureuse de lui ; un scénario assez plat, et pas toujours convaincant (on a franchement du mal à avaler la fin, avec la fille du parrain russe au Moulin Rouge), et une mise en scène frôlant l’académisme. Lounguine n’arrive pas à faire décoller son film du ras de son sujet, ni à donner une quelconque épaisseur à ses gangsters russes. Là où des metteurs en scène comme Abel Ferrara ou Michael Mann réussissent à donner une aura mythique à leurs gangsters, à en faire autre chose que des personnages de faits divers, Lounguine reste terriblement ordinaire.
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