Un Vampire à Brooklyn est un désastre complet, l’exemple parfait de ce qu’un cinéaste ne doit pas faire lorsqu’il revisite le cinéma de genre. Le regard de Wes Craven sur le film de vampire s’accompagne d’une grave absence d’idées. Il oscille sans cesse entre réalisme et comédie, disposant grossièrement les informations permettant de saisir la […]
Un Vampire à Brooklyn est un désastre complet, l’exemple parfait de ce qu’un cinéaste ne doit pas faire lorsqu’il revisite le cinéma de genre. Le regard de Wes Craven sur le film de vampire s’accompagne d’une grave absence d’idées. Il oscille sans cesse entre réalisme et comédie, disposant grossièrement les informations permettant de saisir la nature vampirique de ses personnages comme s’il s’agissait là d’un jeu de piste destiné à un spectateur à moitié idiot, encore persuadé que Bela Lugosi devait être le dernier acteur à avoir interprété un vampire à l’écran. Crucifix, miroirs, phobie du soleil levant, regard incandescent, Craven balance consciencieusement ses poncifs, comme un bon scout qui vient de relire le Manuel des castors juniors. Avec cette pâle promenade dans le genre, Craven n’a pas réfléchi une seconde à la question de la modernité du vampire au cinéma et au parti qu’il y aurait à tirer du travail d’écrivains comme Anne Rice ou Dan Simmons. Il s’est contenté de rajouter des paillettes et de la musique rap pour rendre crédible son vampire noir. Devant un tel néant, il est vraiment permis de se demander sur quoi repose la réputation de Wes Craven. Ni le premier Freddy et encore moins Summer of fear et Shocker ne permettent de déceler chez lui une démarche digne d’intérêt fondée sur une relecture originale des codes du cinéma fantastique. Bien au contraire, Craven se montre régulièrement un tâcheron masquant son absence d’imagination derrière une fausse ironie et des procédés de mise en abyme artificiels. La seule idée à peu près originale d’Un Vampire à Brooklyn réside dans la couleur, noire, du vampire. Et encore, ce filon-là avait déjà été inventé dans les années 70 par Blacula, un film de blaxploitation, dont la naïveté et l’absence de prétentions en faisaient un objet infiniment plus intéressant et sympathique que le film de Craven. A la décharge du cinéaste, il faut dire que ce malheureux doit faire face à un problème insoluble : Eddie Murphy. Eddie a sans doute beaucoup de talent, mais il a dû égarer celui-ci au vestiaire. L’ex-flic de Beverly Hills en Dracula, c’est aussi crédible qu’Yvan Attal en Batman, Vincent Pérez en yéti, ou Chirac en chevalier pourfendeur de la fracture sociale. A ce point de ridicule, sa place n’est plus sur le grand écran, mais en guest-attraction dans le train fantôme de la Foire du Trône.
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