L’année dernière, Sonatine sortait sur les écrans français avec les honneurs de la critique mais dans une relative indifférence du public. Alors que le nouveau film de Kitano (Kids return) est présenté à Cannes et sortira à l’automne prochain, la vidéo offre une nouvelle occasion de découvrir Sonatine, l’une des plus originales relectures du genre […]
L’année dernière, Sonatine sortait sur les écrans français avec les honneurs de la critique mais dans une relative indifférence du public. Alors que le nouveau film de Kitano (Kids return) est présenté à Cannes et sortira à l’automne prochain, la vidéo offre une nouvelle occasion de découvrir Sonatine, l’une des plus originales relectures du genre policier de ces dernières années.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Tout commence comme une épure abstraite. Tous les signes du polar sont présents sur l’écran mais selon une narration démembrée, sans explications, sans psychologie, dans un ordre crypté pas facile à déchiffrer pour le spectateur. Murakawa, le personnage principal, est particulièrement énigmatique Clint Eastwood nippon au visage impassible, muré dans son laconisme. Puis, on comprend que Murakawa et ses hommes partent en mission à Okinawa, et suite à quelques fusillades et règlements de comptes peu clairs (les balles fusent plus vite que les mots), la petite troupe se met au vert dans une maison isolée au bord d’une plage. Ce sera la ligne mélodique la plus étonnante de cette curieuse sonatine : Murakawa et ses sbires retombent en enfance, organisent des jeux de plage, font des pâtés de sable et se chamaillent. Les gangsters s’autorisent quelques jours de vacances au plein sens du terme (une parenthèse, une béance), comme si Kitano passait de Melville à Tati sans prévenir, comme si un film de John Woo était troué par La Guerre des boutons. Une coexistence quasi surréaliste entre ludisme et violence, entre le monde de l’enfance et l’univers terriblement sérieux des yakusas. Mais les affaires reprennent leurs droits et viennent arracher Murakawa à son bout de plage paradisiaque. Un Murakawa qui pige que son temps est fini, que l’heure de la retraite a sonné. Il soldera ses derniers comptes filmés par Kitano avec un sens de l’économie et de l’ellipse assez remarquables avant de revenir sur son bout de plage pour se faire tranquillement sauter le caisson sous la lune. Les silences élégiaques sont plus déchirants que les chants de victoire, et c’est ainsi qu’une sonatine est plus précieuse qu’une symphonie tonitruante.
{"type":"Banniere-Basse"}