Depuis que Tarantino et Ferrara ont déclaré un peu partout qu’Elmore Leonard était le plus grand écrivain de polar américain vivant, la cote de l’auteur de 52 pick up s’est rapidement envolée à Hollywood. Ferrara aurait rêvé d’adapter Get shorty tant le protagoniste de Chili Palmer, gangster fasciné par le monde du cinéma, lui semblait […]
Depuis que Tarantino et Ferrara ont déclaré un peu partout qu’Elmore Leonard était le plus grand écrivain de polar américain vivant, la cote de l’auteur de 52 pick up s’est rapidement envolée à Hollywood. Ferrara aurait rêvé d’adapter Get shorty tant le protagoniste de Chili Palmer, gangster fasciné par le monde du cinéma, lui semblait moderne et séduisant. Probablement effrayés par les audaces de l’auteur de Bad lieutenant, les grands studios ont préféré confier le bébé au technicien Barry Sonnenfeld afin qu’il exécute une sequel de Pulp fiction, la nouvelle référence en matière de néo-noir américain. On retrouve d’ailleurs dans Get shorty deux éminents protagonistes du film de Tarantino : Travolta et le producteur Danny De Vito.
Ancien chef-op des frères Coen et de Rob Reiner, Sonnenfeld a pris son affaire au sérieux en tentant de livrer le cocktail gore et parodique à la mode hollywoodienne actuelle : une pincée de Tarantino, un peu de Tim Burton (celui d’Ed Wood), un soupçon d’Altman (période The Player), etc. Malgré ces références appliquées, le résultat n’a rien d’enthousiasmant. Sonnenfeld, qui n’est pas le plus mauvais des faiseurs, exécute ici un pur travail de commande, l’œil vissé au storyboard. Vidé de toute noirceur et transformé en produit aseptisé, le film est une suite de numéros d’acteurs plus ou moins réussis. Travolta confirme qu’il est bien l’un des meilleurs du moment, mais sans risques puisque son mafieux Mister Cool s’inscrit en descendance directe du Vincent Vega de Pulp. Il est néanmoins le principal intérêt de ce film qui faiblit dangereusement à chacune de ses absences. Pourtant, Gene Hackman est l’un de ces acteurs dont on peut dire qu’il est toujours bon. Eh bien, Get shorty met fin à cette légende car dans le rôle de Zimm le producteur de films Z, Hackman cabotine, s’agite dans tous les sens, comme si son réalisateur lui avait demandé de contrebalancer le jeu low key de Travolta. Le scénario part dans tous les sens, les saynètes inutiles se multiplient, expédiant les personnages d’une Côte à l’autre, avec détour (devenu obligé) par Las Vegas. Quant au truand se prenant de passion pour le cinéma, il n’a rien d’original et rappelle celui de Coups de feu sur Broadway de Woody Allen. Lisse et propre, Get shorty est le Canada Dry de Pulp fiction.