Dans cet exercice tarantinien, le cancre Gary Fleder copie laborieusement l’élève surdoué plutôt que les maîtres. Déjà catalogué comme un sous-produit roublard de l’école Tarantino, car produit par Miramax et adoptant certains tics de Reservoir dogs et Pulp fiction, ce premier film ressemble fort à un ratage complet. Son principal défaut est de tenter de […]
Dans cet exercice tarantinien, le cancre Gary Fleder copie laborieusement l’élève surdoué plutôt que les maîtres.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Déjà catalogué comme un sous-produit roublard de l’école Tarantino, car produit par Miramax et adoptant certains tics de Reservoir dogs et Pulp fiction, ce premier film ressemble fort à un ratage complet. Son principal défaut est de tenter de suppléer une mise en scène banale par un surcroît d’originalité de façade. Situer un film à Denver, c’est déjà faire preuve d’un louable souci d’innovation. Je ne connais pas cette riante cité du Colorado, mais le moins que l’on puisse dire est que le film ne pousse pas à son exploration. Rare-ment aura-t-on vu une ville présentée sous un si mauvais jour. La lumière est plombée, les rues sinistres et l’ambiance générale pue la dépression. Un décor guère séduisant, donc. Le plus piquant est que Fleder raconte qu’il a trouvé Denver si laid qu’il l’a reconstitué dans un bled voisin. Denver, ça doit vraiment être sympa.
Ce parti pris de laideur est à l’image de tout le film. Sommé par le mafieux local Christopher Walken en roue libre dans son rôle tristement habituel de vilain d’accomplir une dernière mission, Jimmy le Saint (Andy Garcia, meilleur que d’habitude), un gangster repenti, va plonger tête la première dans de graves ennuis. Pour régler un problème somme toute assez simple faire peur au type qui a fauché la girlfriend du fils débile du boss , il ne trouve rien de mieux que de reconstituer son ancienne bande. Ce n’est pas un gang mais un musée des horreurs. On y trouve un coprophage militant, un projectionniste arthritique et un traîne-savates. Mis à part Jimmy le Saint lui-même, le seul décent est le Noir de la troupe. Les autres sont affreux, sales et méchants. Avec de tels acolytes, le dernier contrat tourne vite à la catastrophe. D’autant plus que Jimmy a rencontré une gentille petite, monitrice de ski de son état, avec qui il souhaite filer le parfait amour. Le retour de son lourd passé va contrecarrer son rêve romantique. Voilà, voilà. Quand on aura ajouté que Fleder n’a pas l’ombre d’une idée de mise en scène et qu’il en rajoute dans le verrouillage scénaristique et le « lookage » bêta pour pallier ce grave défaut, tout semblera dit.
Pourtant, passé l’agacement légitime devant une noirceur aussi gratuite, ce tout petit film a au moins un intérêt a contrario. Présenté comme roublard, il est d’une naïveté confondante. Tout entier construit sur un registre d’oppositions simplistes, Dernières heures à Denver reste purement théorique, voire scolaire. A chaque raccord, à chaque réplique, on voit le réalisateur tourner la page du scénario. Du coup, son film devient un catalogue de poncifs et s’assume comme tel. Tout fonctionne sur les clichés du polar à l’ancienne et leurs dérivés tarantiniens. Pâle imitateur qui copie un élève plus doué que lui plutôt qu’un maître, Fleder n’est même pas un néoclassique. Il n’est que le cancre du dernier rang, celui qui bave sur les lauriers du premier de la classe.
{"type":"Banniere-Basse"}