Nicolat Combet raconte un petit groupe d’habitant·es de la banlieue est de Paris pour mieux s’ouvrir à toutes les mémoires du monde.
En ouverture de son premier roman, Nicolas Combet use d’un procédé balzacien : prendre de la hauteur géographique et du recul historique pour mieux fondre sur un microcosme. Soit, donc, des origines jusqu’à nos jours, la banlieue est de Paris, puis le territoire de Montreuil, puis une parcelle de terrain et, sur cette parcelle, une petite maison, un atelier d’ébénisterie, un immeuble modeste et la cour qui les relie.
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Comme il a le goût des autres, le narrateur ne met en place ce décor que pour raconter les humain·es qui l’habitent : des humbles, des sans noms à qui il donne des prénoms, des vies infimes rendues immenses par leur agrandissement romanesque. Paul, jeune puis vieux, qui peut-être n’aurait jamais dû habiter là, Renée, la doyenne, dont il est dit sans en faire tout un foin qu’elle est née garçon, les Dominique, couple paranoïaque, et, au final, Adama l’Africain, qui prend ses aises de squatteur bienveillant.
Sans compassion sociale ni hystérie ethnologique, on vit leurs vies, chacun·e pour soi et tous·tes ensemble
Nicolas Combet ne se penche pas sur ses personnages, il leur tend la main, les extirpe d’un néant qui est aussi le gouffre de nos existences. Sans compassion sociale ni hystérie ethnologique, on vit leurs vies, chacun·e pour soi et tous·tes ensemble. Le roman, mode d’emploi, est ainsi dit : “Évoquer des souvenirs, parce que je suis certain que tout ce dont on ne se souvient pas, ce dont on ne garde pas le souvenir, s’échappe dans l’air ou dans la terre ou dans l’eau, et vieillit et ne s’use pas, non, mais use le présent, l’érode et le corrode.”
Usufruit de Nicolas Combet (P.O.L) 198 p., 19 €. En librairie le 6 janvier.
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