Redécouverte de Kurosawa, grand cinéaste de genre pillé plus tard par Lucas et Leone. Le dernier film de Kurosawa, Madadayo, qui date de 1993, est toujours inédit en France et une bonne moitié de son oeuvre reste invisible. Une lacune partiellement comblée par la réédition de six films rares appartenant (sauf deux: Le Duel silencieux […]
Redécouverte de Kurosawa, grand cinéaste de genre pillé plus tard par Lucas et Leone.
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Le dernier film de Kurosawa, Madadayo, qui date de 1993, est toujours inédit en France et une bonne moitié de son oeuvre reste invisible. Une lacune partiellement comblée par la réédition de six films rares appartenant (sauf deux: Le Duel silencieux et Dodes’kaden) à la veine jidaï-jeki du maître ? films de samouraïs en costumes. Une manière comme une autre de rappeler qu’il demeure un grand cinéaste de genre, donc d’action. La Forteresse cachée (1958) est un pur divertissement historique où le cinéaste prend le contre-pied absolu de ses mélodrames des années 50 (Vivre, Scandale). C’est véritablement avec ses films d’époque (comme Les Sept samouraïs) que Kurosawa atteint son apogée artistique. Metteur en scène épique avant toute chose, il brille par la vitalité et la truculence de ses récits d’aventures. Sans parler de son génie plastique; il ne faut pas oublier que Kurosawa fut peintre au départ. Bien qu’en noir et blanc (ou justement à cause de cela), les scènes d’ouverture de La Forteresse cachée sont d’une beauté que le cinéaste lui-même ne parvint pas à égaler dans ses jidaï-jeki en couleurs, Kagemusha (1980) et Ran (1985). Voir notamment la scène où une myriade de paysans, enfermés dans un château par des guerriers pour y déterrer un trésor, dorment à moitié nus, enchevêtrés sur le sol. Soudain, les prisonniers se réveillent et, comme une marée, forcent les remparts, submergeant les gardes qui ne peuvent endiguer ce flux humain qui se déverse sur un immense escalier. Une vision dantesque, qui rejoint l’art pictural le plus pur: on croit voir une sculpture en mouvement, tellement ces corps semblent bruts et à peine sortis de la glaise. De ce magma minéral s’extraient deux bouffons, Tahei et Matashichi, paysans que leur cupidité entraînera dans une épopée picaresque. Avec l’aide involontaire ces rustres, le général Rokurota, incarné par Toshiro Mifune, parviendra, au prix de péripéties rocambolesques, à faire franchir les lignes ennemies à l’intransigeante princesse Yuki. Une geste formidablement rythmée et filmée que George Lucas décalquera avec Star wars, où les deux paysans grotesques deviendront les cocasses robots R2D2 et C3PO… D’ailleurs, si, de son côté, Kurosawa puise dans le patrimoine littéraire européen (Dostoïevski, Gorki ou Shakespeare), il est pillé par des Occidentaux sournois. Cirons Les Sept samouraïs qui deviendront Les Sept mercenaires, ou Yojimbo, dont le plagiat par Sergio Leone (Pour une poignée de dollars) donna lieu à un procès. Cinéaste clé, il influencera aussi le cinéma asiatique populaire. La Légende du grand judo (1943), première oeuvre du réalisateur, pourrait bien être la matrice des films d’arts martiaux chinois des années 6o et 70, une des sources indirectes du nouveau polar américain.
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