En reportage dans la province de Québec pour couvrir le festival M pour Montréal, indispensable rendez-vous indie où se croisent professionnels du secteur musical et artistes émergents depuis 2006, notre journaliste François Moreau vous écrit.
[Erratum : Contrairement à ce qu’il est écrit dans l’article, la chanson interprétée par le groupe CRABE n’est pas une version revisitée du morceau 2020, de Suuns, mais bien un titre original du duo, intitulé “Né pour aimer” et interprété par Benoit Poirier. Nos excuses les plus sincères pour cette erreur d’appréciation]
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“Oh, wanderer, I’ve been here wandering”, chante Cat Power dans nos écouteurs. Les pognes gelées, enfoncées dans les poches, on remonte le boulevard Saint-Laurent, direction le Ministère. Personne. Le type que l’on devait interviewer, histoire de parler musique et pizza froide, ne s’est pas pointé. Le rock.
On repart : l’image immortalisée par Don Hunstein de Bob Dylan et Suze Rotolo arpentant Jones Street dans le froid nous revient. Un début de soirée s’improvise dans les bureaux d’un label local prestigieux, on y va. Tout peut arriver, rien n’est écrit à l’avance. Il y a deux nuits de cela, un mec s’est trompé de porte et a fini dans un strip-club.
L’état de grâce
Ce vendredi soir, Corridor est le meilleur groupe de rock du monde. Même Lydia Képinski (mais non, Montréal ne te déteste pas) s’est portée volontaire pour tenir gratos le stand du merch. Le théâtre Fairmount, avenue du Parc, est plein à craquer. Dans la fond de la salle, les potes s’envoient des shots, vont et viennent, foncent droit devant la scène pour profiter d’un mouvement de foule, le genre qu’on a plus vu ici depuis belle lurette. Des gosses en sneakers font du stage diving, peut-être pour la première fois pour certains.
C’est l’état de grâce : voir la formation made in Montréal jouer à domicile, c’est comme croiser les Strokes au Mercury Lounge ou Oasis à Main Road. On l’a suffisamment écrit, dans les pages des Inrocks et ailleurs, Corridor est le premier groupe à chanter en français signé chez Sub Pop. La francophonie vous remercie, mais c’est surtout le rayonnement de la scène musicale du Québec que l’on célèbre ici. Et à ce petit jeu, la clique menée par Jonathan Robert et Dominic Berthiaume est un cheval de Troie fringant.
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MTL nous adore
On ne traîne pas après le show. La prochaine destination s’appelle la Sala Rossa, sur Saint-Laurent. Le label Mothland y organise une soirée embrumée et métallique. Il est minuit passé, un épais brouillard chargé d’alcool fort entoure la scène : le duo CRABE est le dernier groupe de la soirée à jouer. Quelque chose de grave peut arriver, le danger est palpable. Ces mecs font des prodiges, dans un genre kraut-punk (jouez au bingo des genres musicaux pour trouver la bonne formule).
À un moment, un gars monte sur scène, perfecto flanqué d’un drapeau du Québec sur le dos. Avec CRABE, il s’amuse à reprendre 2020, l’un des masterpieces du groupe SUUNS, autre formation légendaire de cette belle contrée ,en changeant toutes les paroles. Difficile de comprendre ce qu’il se passe ici à ce moment précis : l’iconoclaste en cuir, avec sa gueule d’effronté, lâche une sorte de spoken word que rien ni personne ne semble pouvoir entraver. On file après avoir salué Pat De Bratte, signature rock bien connue de ce côté de l’Atlantique Nord.
Retour à l’Escogriffe Café. Le label de Montréal Hot Tramp y allait aussi de sa petite soirée. Hot Tramp, comme dans la chanson de David Bowie ? Sûrement. On rate de peu la fin du show, on ne peut pas être partout. Maryse, Janette King, le duo TRP.P, Witch Prophet et Shades Lawrence (seule artiste de cette soirée basée à Montréal) étaient de la partie.
Cette dernière nuit montréalaise est un brouillard éthylique. Un sms nous invite à une soirée dans la vieux Rosemont. Trente minutes plus tard, nous sommes dans les bureaux de Mothland. On parlera bientôt dans les pages des Inrocks de cette maison de disques, équipe de booking et boîte de management à l’intersection de beaucoup de choses ici, au Québec.
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Une bonne introduction à l’esthétique de Mothland serait de se passer Sounds From Mothland Volume I, mixtape façon NO NEW YORK (1978) – compile fêtant son premier anniversaire, qui réunissait sous la houlette de Brian Eno les James Chance, DNA ou Teenage Jesus and The Jerks –, soit 15 titres rassemblant Paul Jacobs (également batteur de Pottery), les shoegazers prog de Yoo Doo Right, le Prince Harry ou encore le Français Jessica 93.
Adiós.
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