Le 2 mars 1991, Gainsbourg s’éteignait. Vingt ans plus tard, l’ « homme à la tête de chou » est pourtant toujours bien ancré dans les mémoires. Retour en images sur un parcours médiatique détonnant.
Gainsbourg entretenait une relation ambigüe avec la France. Sa reprise de la Marseillaise reggae en 1979 en est l’un des meilleurs exemples, et résonne à la fois comme un hymne à l’amour patriotique et comme une énorme provocation. Lors d’un concert à Strasbourg en 1980, la salle est investie par d’anciens parachutistes militaires qui sont choqués par sa version de la Marseillaise. Gainsbourg annule son concert et scande alors à la foule : « Je suis un insoumis qui a redonné à la Marseillaise son sens initial, je vous demanderais de la chanter avec moi ! »
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Avec la politique, Gainsbourg a souvent fait preuve d’un humour sans faille. En 1988 lors d’une interview, le chanteur se dit Rocardien, l’un des seuls qui, selon lui, « n’est pas une planche pourrie… enfin pour l’instant ! » Et lorsque Jean-Marie Le Pen est évoqué, Gainsbourg préfère la dérision. Les filles Le Pen apprécieront.
Pour France Gall, il écrit entre autre les « Sucettes à l’anis » et « Baby Pop » qui provoquent et dérangent en même temps qu’elles reflètent la jeunesse yéyé. Gainsbourg s’amuse à écrire des textes qui donnent à la banalité ses lettres de noblesse, et dont le sens caché joue avec des allusions sexuelles. « Ca parle de quoi pour toi « Les sucettes à l’anis »? » demande t-il à France Gall…
En 1973, à l’occasion de la sortie de son album Vue de l’extérieur, Gainsbourg devient Gainsbarre, son double mal rasé, alcoolique, fumeur invétéré, aux idées noires. Il traverse sans doute la période la plus agressive, provocatrice mais aussi, paradoxalement, engagée de sa vie. C’est un moment de création intense, de textes de chansons et d’un livre, Evguenie Solokov, publié en 1980, aux allures de pamphlet contre l’arrivisme.
Conflits et provocations en tout genre, c’est un peu le quotidien des dernières années de Gainsbourg. De Lemon incest, chantée par sa fille Charlotte, où il est accusé d’entretenir une ambiguïté sur l’inceste, en passant par le célèbre épisode du billet de 500 francs brûlé sur le plateau de l’émission 7 sur 7, ou encore les altercations sur le plateau de Droit de réponse, Gainsbourg est de toutes les polémiques. “Sans provocation, il n’y a pas de création” c’est ce que l’artiste a souvent répété pour justifier ses choix musicaux. Nul doute qu’il y soit parvenu.
Jeanne Chaumier
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