Un amnésique vit sous quatre identités distinctes.
Le film assura la rédemption publique de Raul Ruiz, jusqu’alors perdu dans les limbes de l’expérimentation et d’une carrière confidentielle en dents de scie, dispersée entre Europe et Amérique. Pour la première fois, Ruiz tourne avec une star, Marcello Mastroianni, et se fait adjoindre un scénariste chevronné (Pascal Bonitzer) par son producteur, le Portugais Paulo Branco, qui a décidé de prendre la carrière du cinéaste d’origine chilienne en main, en lui donnant les moyens de ses ambitions. Mais ici, foin d’adaptations littéraires qui sont depuis devenues le dada du cinéaste (Proust, Giono, Rushdie). Ruiz reste encore fidèle aux bouffées paradoxales surgies des circonvolutions de son cerveau baroque. Mastroianni est donc Mateo, un homme qui a quitté soudain sa femme pour vivre en face de chez elle ; puis l’acteur incarne un professeur d’anthropologie négative, un majordome qui sadise un jeune couple, un industriel ayant une famille imaginaire. Au-delà du bonheur que l’on éprouve face au plaisir enfantin de Mastroianni qui passe de personnage en personnage, la vraie trouvaille, celle qui met du piment dans le récit et lui adjoint un ton pince-sans-rire (tongue-in-cheek, diraient les Américains), c’est d’avoir fait dire le commentaire off par Pierre Bellemare. Tout à fait dans le style de ses Histoires extraordinaires qui nous scotchaient autrefois sur Europe 1.
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